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Initiatives en ligne

Former pour préserver le patrimoine

Commune : Alençon

Theme : Education-Enseignement

02/08/2010


Icône de l’économie alençonnaise, la dentelle d’Alençon, parfois appelée la « reine de la dentelle », est entrée dans l’histoire au 15e siècle dans une concurrence avec le Point de Venise. Vers les années 1660 le Point d’Alençon, dont le secret fut longtemps jalousement gardé, obtient de Colbert un privilège de manufacture royale. L’industrie de la dentelle d’Alençon, qui est, depuis le 18e siècle, la plus prestigieuse et la plus coûteuse des dentelles, a connu depuis sa création une vogue croissante jusqu’au déclin de cette industrie au début du 20e siècle sous la concurrence de la dentelle mécanique. Dans le cadre de l'initiative européenne Equal 2002-2006, la communauté urbaine d'Alençon a lancé un programme d'insertion professionnelle innovant en s'appuyant sur la promotion du patrimoine dentellier, le célèbre point d'Alençon. Dans le prolongement des chantiers d'insertion, la communauté urbaine d'Alençon a engagé une série d'actions pour valoriser le patrimoine dentellier et pour renforcer son attractivité touristique et culturelle.


La préfecture de l’Orne est la plus grande ville du département. Alençon a été au cours des siècles une importante place administrative et économique et un carrefour entre communications est-ouest, sur l'axe Paris-Bretagne, et nord-sud, sur l'axe Calais-Bayonne. Alençon s’illustre de façon remarquable dans le tourisme, vert ou culturel, d’autant plus que la ville est située entre les deux parcs naturels régionaux de Normandie-Maine et du Perche. Elle maintient aussi son rôle de place administrative, économique et commerciale dans le cadre départemental grâce à des politiques ambitieuses et volontaristes.
Au 20e siècle, Alençon devient un des bastions de Moulinex (entreprise industrielle d’électroménager). Créée en 1937, l’usine Moulinex d’Alençon, devient le cœur industriel de la ville. La fermeture définitive de l’usine, en 2002, comptant encore à l'époque près de 1.000 employés et assurant du travail à de nombreux sous-traitants, est un choc pour la ville et le département. Aujourd’hui, le groupe Seb sous-traite la fabrication du moulin à légumes à la société Adiamix (40 salariés), ouvert sur l'ancien site de Moulinex.
Au lendemain de la fermeture de Moulinex, la municipalité a lancé le plan Phénix, dont le slogan est 1.000 emplois en 1.000 jours.
Créé en 1983, l’Institut supérieur de plasturgie d’Alençon (ISPA) a contribué, en formant aux métiers de la plasturgie, à l’implantation de nouvelles entreprises, spécialisées notamment dans la plasturgie.
L’ouverture de l’A28, entre Alençon et Le Mans en juin 2001, et entre Alençon et Rouen en octobre 2005, a permis, en outre, de désenclaver la ville. 
 
 
Réinsérer en valorisant le savoir-faire 
Le projet « Renforcement du tissu socioculturel alençonnais à partir du redéploiement de savoir-faire traditionnels relevant du patrimoine dentellier », élaboré dans le cadre du programme européen Equal, répond à deux objectifs : la réinsertion de publics éloignés de l'emploi et la valorisation du point d'Alençon. «Pour pérenniser cet art, nous étions confrontés à un réel problème de transmission du savoir-faire dentellier : il n'existe aucun manuel, l'histoire et la gestuelle ne peuvent se restituer qu'à l'oral », explique Solange Perrot, responsable des affaires culturelles de la ville d'Alençon. « De plus, le nombre de dentellières à l'Atelier national du point d'Alençon est passé de 12 à 8 en quelques années ». Porteuse du projet, l'agglomération s'est appuyée sur un grand nombre de partenaires réunis au sein d'un comité de pilotage (*) dénommé « partenariat de développement ».


De décembre 2002 à juin 2005, trois chantiers de formation de six mois chacun ont accueilli près de cinquante stagiaires. Ils ont d'abord été sensibilisés à l'histoire et à la technique du point d'Alençon pour ensuite alterner stages en entreprise, cours de remise à niveau, modules de formation aux arts appliqués et travaux en ateliers.
 Outre l'ornementation de six ronds-points, inspirée du motif dentellier, les stagiaires ont participé à la création d'un circuit d'interprétation en centre-ville et à l'exposition tactile « La Dentelle sur le bout des doigts », accessible aux publics mal et non-voyants. Les associations spécialisées dans l'insertion sociale en ont profité pour mettre en place de nouveaux supports dans l’objectif de former et de faire participer le public adulte à certaines actions. Ces chantiers ont permis aux participants de recréer du lien social et de reprendre un rythme actif. À l'issue des trois sessions de formation, 80 % des bénéficiaires étaient dans une dynamique de retour à l'emploi : CDD, CDI, missions d'intérim ou formations qualifiantes.

 

Le savoir-faire, vecteur de tourisme
Au-delà des chantiers d'insertion professionnelle, le projet a aussi intégré des actions à vocation touristique. Avec l'appui de deux cabinets de conseils alençonnais, onze personnes issues des pôles conférenciers des musées ont suivi des formations d'une semaine. Parallèlement, les dispositifs de visites guidées des musées ont été homogénéisés. De plus, les Ateliers cinéma de Basse-Normandie ont réalisé un film documentaire d'une dizaine de minutes, outil de mémoire diffusé au musée des Beaux-Arts et de la Dentelle.

 


Enfin, l'opération a contribué au lancement d'une campagne de prises de vue des pièces de dentelles conservées au musée. Leur numérisation a ainsi permis de constituer une base documentaire utile au projet de création de produits dérivés « Dentelle d'Alençon » développé par la collectivité.Afin de protéger l'utilisation du point d'Alençon, une charte éthique applicable à toute création de produits dérivés a été élaborée. Sur sa lancée, la ville d'Alençon a procédé au dépôt de marque « Dentelle d'Alençon » en 2006 et lancé la fabrication d'une première gamme de produits dérivés papeterie. En mars 2006, l'agglomération organisait les premières rencontres professionnelles des acteurs de l'insertion. La même année, elle a présenté à Bruxelles son expérimentation — sous le triptyque « Alençon-Dentelle-Insertion » — aux professionnels européens de l'emploi et de la formation. Alençon continue à capitaliser sur son patrimoine dentellier. 
 
 
 
(*)   Le comité de pilotage est composé de la ville d'Alençon et sa communauté urbaine, du centre communal d'action sociale, de la mission locale, de l'office de tourisme du pays d'Alençon, de la chambre des métiers de l'Orne, de la commune de Retournac en Haute-Loire, du Centre national des arts plastiques basé à Paris, du Centre d'art contemporain, des Ateliers cinéma de Basse-Normandie.