Jamais dans l’histoire ferroviaire française, les villes moyennes n’ont eu à connaître un tel désengagement de la part de la SNCF, que ce soit en matière de circulation de TGV ou de trains intercités (dits TET). A la clef en 2016, une multiplication des fractures territoriales pour des bassins de vie de plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’habitants.
Une situation qu’a vivement critiqué hier lors d’une conférence de presse, la présidente de Villes de France, Caroline Cayeux, aux côtés des maires d’Arras, Frédéric Leturque, de Colmar, Gilbert Meyer, de Montargis, Jean-Pierre Door, de Sète, François Commeinhes, et de Vitré, Pierre Méhaignerie.
Face à des scénarios qui envisagent - à très court terme - une érosion irrémédiable du service, voire un sacrifice délibéré de l’activité ferroviaire, la présidente de Villes de France a déclaré vouloir redonner la priorité au bon sens, à la performance, et à l’environnement. « Il n’est plus supportable que les grandes lignes soient ainsi délaissées et contribuent à assigner certaines populations à résidence » a souligné la maire de Beauvais.
Définir une stratégie grandes lignes
A travers leurs situations, les élus ont regretté l’absence de stratégie de la part de la SNCF, et que celle-ci n’accepte pas d’« éclairer davantage les administrés ». Dans le même registre, Frédéric Leturque, maire d’Arras a déploré que « la SNCF nous mette toujours devant le fait accompli, n'apporte jamais de réponse ».
Pour Gilbert Meyer, maire de Colmar, « la SNCF laisse installer une France à deux vitesses », alors que certaines collectivités locales (agglomérations, départements et régions) ont signé un contrat, ont investi, et qu’en bout de chaîne, les contribuables sont en droit de demander des comptes.
Jean-Pierre Door, maire de Montargis, a également ajouté lors de cette conférence de presse que « les scénarios envisagés sur les TET sont dramatiques parce qu’ils touchent beaucoup d’étudiants, d’actifs et de familles qui les utilisent ». L’État doit donner plus de visibilité à l’offre à destination des villes moyennes, mais aussi développer les recettes par une politique de contrôle plus rigoureuse. François Commeinhes, maire de Sète, a ainsi souligné l’aberration de voir passer des trains qui ne s’arrêtent plus, et s’est interrogé sur la tarification qui sera mise en place pour la « TERisation des trains intercités ».
Parmi les propositions de Villes de France, figure donc la définition d’un « schéma national de desserte ferroviaire », en concertation avec les régions et les villes, et qui articule l’ensemble des lignes entre elles.
Réexaminer les coûts
Illustrant sa perception des évolutions, Pierre Méhaignerie, maire de Vitré, a déclaré « souhaiter des métropoles qui rayonnent, et donc qui irriguent, et pas des métropoles qui siphonnent ». Répondant à une question sur le financement du système ferroviaire, le maire de Vitré a indiqué qu’il serait « utile qu’une commission d’enquête parlementaire se saisisse de cette question, et examine (NDLR au delà du seul déficit) tous les coûts, et si cela en est un, ce que représenteraient les dépenses d’arrêt ».
Face à cette réorganisation des grandes lignes, les élus des Villes de France ont enfin appelé à remettre à plat certaines règles de gestion et de gouvernance. Au-delà du seul Appel à Manifestation d’Intérêt proposé aux régions sous l’égide de SNCF Mobilités – les représentants de Villes de France ont demandé la possibilité de l’ouverture à la concurrence des trains intercités, en particulier pour les lignes abandonnées.