ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°3 -

La crise épargne les métropoles


Dans une étude publiée fin juin 2014 qui analyse les évolutions de l’emploi et de la population active, l’Insee relève une meilleure résistance du marché du travail des métropoles à l’inverse de nombreuses aires de plus faible taille, à la fois moins attractives, avec une population active moins qualifiée, et où les secteurs dynamiques sont moins présents. Par ailleurs, les spécificités du tissu économique local expliqueraient la meilleure tenue du marché de l’emploi dans le Sud et l’Ouest. A contrario, dans le Nord-Est et le Centre de la France, la tendance est généralement à sa dégradation.
Concentration des emplois qualifiés dans les métropoles
De manière générale, la crise économique amorcée en 2008 a amplifié la tertiarisation de l’économie : entre 2006 et 2011, d’après le recensement, l’industrie a perdu 11,3% de ses emplois en France métropolitaine et les effectifs de l’agriculture ont encore reculé de 9,2%. Les quatorze plus grandes aires urbaines, comptant plus de 210.000 emplois en 2011, sont plus jeunes et plus attractives que les autres territoires. Entre 2006 et 2011, elles captent l’essentiel de la croissance de la population active métropolitaine de 25 à 54 ans. « La concentration accrue de la population active dans les plus grandes aires est typique du phénomène de métropolisation » notent les auteurs de l’étude.
Ce processus de transformation des grandes villes, à la fois fonctionnel et morphologique, se caractérise notamment par une concentration des personnes et des emplois, en particulier de certains emplois tertiaires. De fait, la structure des activités des très grandes aires urbaines se distingue de plus en plus de celle des autres territoires. La part dans l’emploi du secteur « commerce, transports, services divers » y est plus forte (59% à Paris, 49% dans les treize plus grandes aires de province). Inversement, celles de l’industrie et de l’agriculture y sont plus faibles.
Les très grandes aires urbaines ont ainsi bénéficié à la fois d’une structure sectorielle favorable et d’une croissance de ces secteurs dynamiques plus élevée que la moyenne. C’est dans les treize plus grandes aires de province que la croissance de l’emploi est la plus forte : +4,7% entre 2006 et 2011 contre +1,9% pour l’ensemble de la France métropolitaine.
Au-delà de la capacité des très grandes villes à maintenir voire à attirer actifs et emplois, la métropolisation est visible à travers le profil des actifs qui y résident. En particulier, plus les aires concentrent d’emplois, plus la part de cadres et de professions intellectuelles supérieures est forte, et ce phénomène s’accentue entre 2006 et 2011. Le niveau élevé de qualification, rempart important contre le chômage, a contribué à préserver sensiblement ces territoires.
Ainsi, alors que la part des chômeurs déclarés parmi les actifs de 25 à 54 ans a augmenté en France métropolitaine de 0,7 point, la hausse est plus faible dans les très grandes aires urbaines de province (+0,3 point en moyenne) et à Paris (+0,2 point). À travers les évolutions 2006-2011 de l’emploi et du chômage, il semble donc que le processus de métropolisation ait permis aux très grandes aires urbaines de résister davantage à la crise. L’Insee relève toutefois des disparités entre les métropoles liées à la géographie et à l’histoire économique et sociale des territoires.
Fragilité des aires urbaines non métropolitaines
Si, entre 2006 et 2011, les très grandes aires urbaines ont des trajectoires favorables en termes de démographie et d’emploi, ce n’est généralement pas le cas des autres grandes aires urbaines, et encore moins des moyennes (pôles de 5.000 à 10.000 emplois) et petites aires (pôles de 1.500 à 5.000 emplois). Davantage tournées vers l’industrie, les moyennes et petites aires ont plus subi la crise de 2008, qui a frappé de plein fouet ce secteur. Dans ces territoires, la montée en qualification des actifs est plus lente que dans les plus grandes aires urbaines. Ainsi, les moyennes et petites aires comptent toujours, en 2011, deux fois moins de cadres que dans l’ensemble de la France métropolitaine.
La situation en termes de chômage tend également à être d’autant moins favorable que la taille de l’aire est plus faible. C’est dans les petites et moyennes aires que la part des actifs de 25 à 54 ans se déclarant chômeurs est la plus élevée en 2011 : 11,6%, soit un point au-dessus de la moyenne de France métropolitaine. Elle est de 11,2% dans les autres grandes aires urbaines de province.
Le Sud et l’Ouest tirent leur épingle du jeu
Au delà de ces différences d’évolution du marché du travail selon la taille d’aire urbaine, il subsiste des particularités liées à la géographie et à l’histoire économique et sociale des territoires. Ainsi le Nord de la France, en particulier le Nord-Est, reste marqué par son passé industriel. Malgré la baisse constante de l’emploi industriel depuis plusieurs décennies, le poids de ce secteur est toujours en 2011 plus élevé qu’ailleurs et la proportion d’ouvriers parmi les actifs est nettement plus importante.

 

En outre, les niveaux de chômage les plus élevés sont relevés dans le Nord et le Sud-Est de la France. Néanmoins, nettement plus attractives que celles du Nord, les aires urbaines du Sud-Est bénéficient d’une assez forte croissance de la population active.
Les aires urbaines du Sud-Ouest et de la façade atlantique, et en particulier les plus grandes, sont celles qui ont le mieux résisté à la crise économique : Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rennes. Leur population active de 25 à 54 ans s’accroît nettement (+6,5% à Toulouse). La part des cadres y est importante et continue de progresser fortement. Le pourcentage d’actifs se déclarant au chômage n’y augmente que très faiblement. Toutefois, des disparités territoriales s’amplifient. Par exemple, autour de l’aire toulousaine, à Angoulême ou à Redon, la situation s’aggrave.

n°3

09 Juil 2014

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