ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°624 -

Geneviève Fioraso mobilisée pour la proximité


Le 25 octobre dernier, une délégation d’élus* de la FVM était reçue en audience par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso. L’occasion de lui rappeler le rôle fondamental joué par les villes moyennes et leurs intercommunalités dans la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur : en témoigne le taux de boursier dans ces collectivités qui dépassent largement la moyenne nationale ; si le taux moyen de boursiers dans le supérieur s’élève à 31% au niveau national (21% au sein de l’université), il atteint 38% à Agen ou encore 50% au Centre universitaire Jean-François Champollion (Albi, Castres, Rodez)… Et de souligner également que le taux de réussite des étudiants dans les agglomérations des villes moyennes est lui aussi supérieur de 10 à 15 points au taux national. Pourtant le taux d’encadrement y est plus faible que la moyenne hexagonale. Preuve que le cadre de vie et les conditions d’études dans les villes moyennes et leurs intercommunalités est un facteur essentiel de réussite.
L’atout des sites de proximité
Dans le contexte des nombreuses réformes qui ont modifié le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche et qui ont bouleversé les équilibres, y compris financiers, les sites d’enseignement supérieur dans les villes moyennes sont considérés, comme des variables d’ajustement, et parfois même comme des « excroissances » qu’une soi-disant rationalisation des coûts commanderait de supprimer… Car les tentations de recentralisation des universités-mères sont fortes.
Mais les sites d’enseignement supérieur de proximité n’ont pas été « parachutés au hasard ». Sous l’action des élus, qui ont compris très tôt le rôle essentiel de la formation et de l’innovation pour le développement social et économique du territoire, des liens ont été tissés entre les établissements d’enseignement et les acteurs économiques ; ces sites de proximité sont vecteurs d’emplois qualifiés, de professionnalisation, de croissance potentielle via l’innovation notamment. Car le tissu économique des villes moyennes et intercommunalités est caractérisé par un réseau dense de PME-PMI et TPI qui ont un besoin important d’innovation pour rester dans la course économique. Les sites d’enseignement supérieur de proximité constituent donc un atout considérable dans le contexte de crise économique et industrielle que traverse notre pays. « Aucune dynamique n’est envisageable sans enseignement supérieur et sans recherche » ont insisté les élus de la délégation FVM.
Les sites de proximité sont facteurs de modernité et veulent être parties prenantes d’une université moderne. Les élus ne veulent plus être remisés au rang de financeurs mais entendent être considérés comme des acteurs et souhaitent être associés à la stratégie des établissements.
Pour une université ouverte sur son territoire
« L’emploi constitue la priorité du Gouvernement » a rappelé la ministre qui a souligné l’importance de l’existence d’un maillage territorial de l’enseignement supérieur et de la recherche, permettant la diffusion des connaissances et des savoirs sur l’ensemble du territoire français. Geneviève Fioraso a affirmé qu'elle souhaitait « développer de véritables universités territoriales, qui ne fonctionneront pas comme des bunkers retenant toutes les informations mais de manière plus fluide, à l'image de ce qui se fait en Allemagne ou au Japon ». L’université territoriale souhaitée par la ministre est ouverte sur son écosystème, social et économique, territorial. Une université moderne, maillée sur le territoire et dotée d’une organisation fluide. Une université qui travaille en réseau et tire partie du territoire et de son excellence. « Contrairement à ce qui a été fait par le passé, il ne s’agit plus de constituer des 'châteaux forts' » a insisté la ministre, « je crois beaucoup à la puissance des écosystèmes du territoire et à leur créativité. Il faut donc maintenir les niches, conforter les filières, préserver et bien mailler les initiatives. Je compte sur la mobilité des talents ».
Si la mobilisation des territoires et la volonté politique sont indispensables pour s’engager dans une compétitivité renouvelée, la ministre a indiqué que des ajustements et des modifications seraient apportés à plusieurs dispositifs tels les PRES, Idex, ou encore le Plan Campus ainsi qu’à la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU). « Les IUT, malmenés par cette dernière, ont un rôle important à jouer » a déclaré la ministre. Ils feront ainsi l’objet d’une attention particulière visant à les « conforter » et à les « remobiliser ».
Les nouvelles dispositions législatives sur l’enseignement supérieur, qui seront présentées au Parlement début 2013, confieront aux universités une mission en termes de gouvernance des sites qui les composent. Elles devront assumer des responsabilités vis-à-vis des territoires dans lesquels elles sont implantées. Parallèlement, l’acte 3 de la décentralisation devrait décentraliser des compétences en matière d’enseignement supérieur et de recherche, pouvant aller jusqu’à la création d’une nouvelle compétence obligatoire pour les communautés d’agglomération dans le domaine de l’enseignement supérieur.
La recherche au service de la compétitivité
Si la recherche fondamentale doit être sanctuarisée, selon la ministre, elle devra aussi contribuer à faire fonctionner l’économie, nécessitant de trouver des équilibres et de créer des réseaux au niveau des collectivités locales — la FVM étant un acteur désigné — et des entreprises, notamment des PME-PMI. La diffusion de la recherche technologique sera, quant à elle, impulsée. Au regard des défis que la France doit relever en matière de création d’emplois, la recherche doit elle aussi être mobilisée : « la recherche fondamentale est concernée par le redressement économique du pays, et la recherche technologique fait vivre l’industrie territoriale ». Insistant sur l’utilité économique et sociétale de la recherche, Geneviève Fioraso, affirme qu’il est indispensable de répondre à la mondialisation par des stratégies locales : transferts de technologies, dépôts de brevets. L’excellence relève de la créativité dans les territoires et les PME-PMI, et de leurs potentiels respectifs.

 

Préoccupations partagées
Lors de la conférence de presse qui a suivi l’audience, le président de la FVM, Christian Pierret, n’a pas manqué de se réjouir : « c’est la première fois que nous rencontrons un ministre qui est autant en phase avec nos préoccupations ». L’avenir des bassins de vie des villes moyennes et de leurs intercommunalités passe par l’existence de filières d’enseignement supérieur en lien avec l’économie locale, par la présence d’activités de recherche et de transferts de technologies. L’élévation du niveau de qualification des jeunes, et aussi de la population dans son ensemble (via la promotion de la VAE, par exemple) de même que la compétitivité de l’économie, constituent un objectif prioritaire des villes moyennes et de leurs communautés, conçu dans le cadre d’une coopération avec l’État, les métropoles et les régions.
Le but n’est évidemment pas de développer des formations post-bac partout sur la base d’un modèle unique. Il s’agit de développer des filières en fonction des niches, des initiatives et des dynamiques de l’écosystème territorial. Quand une demande est exprimée par cet écosystème, « il ne faut pas hésiter à créer des filières sur la base de la connaissance du territoire qu’ont les élus et des besoins exprimés par les entreprises » s’est exclamée la ministre, avant de vanter les atouts des villes moyennes en termes de conditions d’accueil et d’études pour les jeunes, ainsi que les vertus de la proximité.
Pour atteindre l’objectif de 50% d’une classe d’âges diplômés de premier cycle, la France et l’université doivent s’appuyer sur les sites d’enseignement supérieur de proximité, premier maillon de la diffusion des connaissances dans le territoire français.

* Conduite par le président Pierret, la délégation réunissait : Bruno Bourg-Broc, président d’honneur de la FVM, maire de Châlons-en-Champagne ; Didier Boulaud, président de la CA de Nevers ; Olivier Caspary, adjoint au maire de Saint-Dié-des-Vosges ; Gilles Craspay, adjoint au maire de Tarbes ; Pierre Fabre, vice-président de la CA de Castres-Mazamet ; Françoise Lestien, adjointe au maire de Saint-Nazaire et conseillère communautaire de la CA de Saint-Nazaire ; François Olivier, présidente de la commission Enseignement supérieur et Recherche de la CA d’Agen ; Sylvain Tranoy, vice-président de la CA Cambrai.

n°624

31 Oct 2012

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