ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°528 -

Insertion professionnelle - Premier palmarès des universités


Avec la participation des universités, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a réalisé pour la première fois une enquête nationale sur l'insertion professionnelle de leurs diplômés. Les indicateurs d'insertion ont été élaborés en collaboration avec la Conférence des présidents d'université (CPU), le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) et le délégué interministériel à l'Orientation.
Le 15 octobre dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur a dévoilé les résultats de cette première enquête nationale qui fait état, 30 mois après l’obtention de leur master (bac +5), d’un taux de 91,4 % de diplômés ayant trouvé un emploi. On rappellera que c’est la loi du 10 août 2007, relative aux libertés et aux responsabilités des universités, qui leur a confié une mission d’insertion professionnelle et d’orientation.

Des taux d’insertion différenciés
Le domaine « Droit – Économie – Gestion » est assez homogène en termes d’insertion, avec des taux allant de 91 % (économie) à 92,6 % (gestion) comme en termes de taux d’emplois stables ou de pourcentage de cadres ou professions intermédiaires parmi les emplois occupés. Les disparités entre disciplines se relèvent au niveau des employeurs (forte proportion de fonction publique en droit, d’entreprises privées en gestion).
Le domaine « Lettres, Langues, Arts » se caractérise par un taux d’insertion plus faible que la moyenne (87 % contre 91,4 %), un taux de temps partiel plus élevé (16 % contre 6 %), une part de cadres et professions intermédiaires et un taux d’emplois stables plus faibles.
Les Sciences humaines et sociales se caractérisent par une très forte hétérogénéité entre disciplines. Le taux d’insertion est très élevé en psychologie (94 %), mais il s’agit souvent (39 %) d’emplois à temps partiel et moins de deux tiers des emplois sont des emplois stables. À l’inverse, le taux d’insertion est relativement faible en histoire et géographie, avec un taux de temps partiel deux fois plus élevé que la moyenne et un taux de cadres et professions intermédiaires inférieur à la moyenne.
Deux disciplines des sciences et technologies se distinguent par des taux d’insertion élevés : informatique (96,6 %) et sciences de l’ingénieur (93,6 %). Les emplois occupés sont, à plus de 90 %, des emplois de cadres ou professions intermédiaires, les taux de temps partiel sont faibles. Les taux d’insertion en sciences de la vie et de la terre est inférieur de 3 points à la moyenne d’ensemble.
L’agrégat des « sciences fondamentales » présente un taux d’insertion légèrement inférieur à la moyenne (90 %), en raison du faible taux d’insertion des diplômés de chimie (86 % contre 94 % en mathématiques et 93 % en physique).

2 emplois sur 3 dans le privé
67,7 % des diplômés obtiennent un CDI ; 2,9 % relèvent d’une profession libérale et indépendante ; 18,8 % sont en CDD. Les deux tiers des emplois sont excercés dans les entreprises privées, avec de très fortes disparités selon les domaines : 27 % des emplois en psychologie, 35 % en histoire et géographie et à l’inverse, 85 % des emplois occupés par les diplômés de gestion, 88 % par des diplômés de sciences de l’ingénieur et 92 % par des diplômés en informatique.
Un diplômé sur six (16,4 %) travaille pour une des trois fonctions publiques, mais, parmi ceux-ci, moins d’un sur trois (4,7 % sur 16,4 %) a le statut de fonctionnaire. La fonction publique est un débouché important pour les diplômés de droit (30 %), histoire et géographie (38 %), psychologie (35 %), sciences de la vie et de la terre (20 %).
En termes de secteurs d’activité économique, les débouchés varient fortement d’un domaine à l’autre, même si les services sont partout très majoritaires. L’industrie accueille 12 % des diplômés, pour plus de la moitié des diplômés de sciences et technologies, mais aussi des diplômés de gestion et de « Lettres, Langues, Arts ». Les activités financières et assurances recrutent essentiellement en droit, économie et surtout gestion.

Quelles suites ?
Dans un entretien au Figaro Magazine paru samedi dernier, Valérie Pécresse estime que beaucoup de « préjugés tombent à la lecture de l'enquête » : les taux sont « presque comparables à ceux des grandes écoles », « les universités de proximité affichent souvent d'excellents résultats » (Angers, Chambéry, La Rochelle, Pau…). Côté négatif, « les résultats en biologie sont très inférieurs à la moyenne », « il faudra faire évoluer les études d'histoire et géographie » et « il y a visiblement une forme de ‘déclassement’ au démarrage avec trop peu de cadres » pour les diplômés en arts et lettres, selon la ministre. Celle-ci considère le palmarès comme un « instrument de pilotage ». « Pour les universités, afin qu'elles puissent réfléchir aux améliorations nécessaires des filières les moins professionnalisantes, et pour l'État, qui en tiendra compte dans ses dotations financières aux campus. D'ici à 2012, nous allons pouvoir bâtir de vrais indicateurs de performance nationaux qui seront intégrés dans le calcul de l'allocation des moyens. »
Les classements par établissement sont néanmoins à prendre avec précaution, car des universités peuvent être très bien placées avec un faible taux de réponse, et une autre moins bien avec un fort taux. Les résultats ne sont d'ailleurs pris en compte qu'à partir d'au moins 30 % de réponses, ce qui explique que certaines universités ne sont pas classées. D'autres, comme Dauphine, n'ont pas participé.
Une certification Insee va être demandée pour que l'enquête soit « pleinement reconnue ». À terme, elle devrait concerner d'autres diplômes.

n°528

20 Oct 2010

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