Lors de son intervention au colloque annuel de la Conférence des présidents d'université, Valérie Pécresse a tracé les contours de ce que sera le Grand emprunt pour l'enseignement supérieur et la recherche. Le calendrier exact et le cahier des charges des appels à projets ne sont pas encore arrêtés. Néanmoins, la ministre a annoncé que les premiers appels à projets seront lancés rapidement.

Soutenir l’excellence
10,7 milliards d'euros seront alloués aux appels à projets équipements d'excellence, laboratoires d'excellence, instituts hospitalo-universitaires, instituts de recherche technologique, sociétés d’accélération du transfert de technologie et biotech-santé, ainsi que pour l’achèvement de l'opération campus ; 2,5 milliards d'euros pour l'appel d'offre numérique (pour l'innovation pédagogique par exemple) ; 2,5 milliards pour les appels d'offres énergies décarbonées et véhicules du futur ; et 7,7 milliards d'euros pour les campus d'excellence.
« Le Grand emprunt vous concerne tous, a déclaré Valérie Pécresse aux présidents d’université, car ce sont les PRES (ndlr : pôles de recherche et d’enseignement supérieur) ou les établissements que vous présidez qui porteront les candidatures aux différents appels d'offre. C'est le moment pour vous de tirer parti des marges de manœuvre que vous offre l'autonomie, en définissant votre propre stratégie, votre forme d'excellence en matière de formation et de recherche. » Les premiers appels à projet du Grand emprunt seront lancés « rapidement ». En premier lieu seront concernés les équipements d'excellence. Viendront ensuite, les appels à projets concernant « les laboratoires d’excellence, les instituts de recherche technologique, les instituts hospitalo-universitaires et les sociétés d'accélération du transfert de technologies ». Quant aux campus d’excellence (7,7 milliards d’euros), « la formulation de ces projets demandera un temps de maturation » a souligné Valérie Pécresse.
L’objectif du gouvernement n’est « pas d’importer un modèle étranger ou d’imposer un modèle unique d’excellence ». Il s’agit d’inciter à la « réunion » des établissements d’enseignement supérieur et à leur collaboration étroite avec les organismes de recherche. « L'excellence véritable naît du croisement et de la conjonction, parfois imprévisible, des disciplines de tous horizons. C'est en effet du décloisonnement, de la rencontre des savoirs, des intelligences et des manières de penser que naît l'innovation. » D’où la volonté d’appuyer l’émergence de campus d’excellence. Si la taille et le profil de ces campus ne sont pas prédéfinis, Valérie Pécresse a toutefois affirmé « une chose est certaine : un campus d'excellence devra sans doute rassembler un large éventail de formations, allant jusqu'au doctorat et arrimé à une recherche de très haut niveau. Ainsi ne peut-on imaginer un campus d'excellence sans une université en son cœur ».

La gouvernance en question
La ministre prévoit d’engager « dès les semaines qui viennent » un dialogue avec les acteurs sur les grands principes qui structureront les appels à projets. En particulier, elle souhaite que la réflexion commune porte sur les contours des campus d’excellence, à leurs éléments constitutifs, à leur niveau d’intégration, tant sur la formation et la recherche que sur la valorisation. D’autres questions devront également être abordées comme celles des modes de gouvernance ou de l’articulation entre campus d’excellence et PRES. Toutefois, Valérie Pécresse souhaite que ces questions soient posées « à partir des projets mêmes qui présideront à la création de ces campus ». Car, précise la ministre, « la gouvernance de ces campus n'est pas une fin en soi, mais un moyen au service d'une ambition collective, qui doit se construire dans la durée ». Cependant, la question de l’autonomie est centrale notamment au moment où les universités prennent leurs marques avec l’autonomie. Car les appels à projets du Grand emprunt constituent une incitation au regroupement des établissements et autres organismes de recherche. Pour preuve, Valérie Pécresse a indiqué que « les dotations versées au titre des appels d'offre campus et laboratoires d'excellence ne pourront pas se cumuler. C'est pourquoi, dès lors qu'elles sont possibles, nous privilégierons les logiques de coopération les plus ambitieuses ». Un nouveau pas dans l’intégration à n’en pas douter.