ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°37 -

Priorité pour l'emploi des jeunes en Europe - L'Assemblée nationale formule des propositions


Si l’Union européenne a longtemps ignoré le chômage des jeunes, celui-ci a atteint de tels niveaux qu’il n’est plus possible de ne pas réagir. C’est chose faite, sous l’impulsion notamment de la France, avec le « paquet emploi jeunes » de l’Union, dont les points phares sont la Garantie pour la jeunesse et l’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ), dotée de 8 milliards d’euros, dont 620 millions pour la France pour les seuls exercices 2014 et 2015.
Le rapport d’information, déposé par la commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, et présenté, en mars 2015, par le député Philip Cordery a pour objet de faire le point sur la situation de l’emploi des jeunes en Europe, ainsi que sur les politiques mises en œuvre à l’échelon de l’Union européenne pour lutter contre ce fléau qui touche près de 22% des jeunes Européens – soit 5,6 millions d’entre eux – tandis que 14 millions de jeunes de moins de 29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en cours de formation.
La situation du chômage varie toutefois sensiblement d’un pays à l’autre – les taux de chômage s’établissant en 2013 de 5% en Autriche à 27,6% en Grèce – ainsi qu’en fonction des catégories de la population. Les jeunes, et notamment les moins qualifiés d’entre eux, ont ainsi payé un très fort tribut à la crise, servant de variable d’ajustement à un marché du travail déstabilisé et fortement marqué par les inégalités entre «insiders», bénéficiant d’un emploi stable et de qualité, et «outsiders», occupant des emplois précaires ou au chômage. Ils ont été parmi les plus touchés, et ce de manière extrêmement préoccupante.
Le rapport d’information détaille, en outre, les politiques menées pour l’emploi des jeunes dans les deux pays phares que sont l’Autriche et la Finlande, caractérisées l’une par la place de l’apprentissage dans la formation des jeunes, et l’autre par l’attention particulière portée aux décrocheurs.
Enfin, sont avancées un certain nombre de propositions tant à destination de l’Union européenne que du Gouvernement français pour intensifier la lutte contre le chômage des jeunes au niveau communautaire et au niveau national. Parmi les propositions, on citera :
Renforcement de la Garantie Jeunesse et de l’IEJ
Concernant l’action de l’Union européenne, le rapport souligne la nécessité d’évaluer l’opportunité de modifier le périmètre de la Garantie pour la Jeunesse pour l’étendre aux jeunes de 25 à 30 ans. Il demande la prise en compte des disparités infra-régionales existantes, certaines poches de pauvreté des régions riches étant exclues du bénéfice du dispositif. Tandis que le Gouvernement français est appelé à réfléchir à l’opportunité de fusionner les dispositifs Garantie Jeunes et Garantie pour la Jeunesse, afin de donner plus de lisibilité et rendre plus compréhensible ces deux dispositifs et ainsi aboutir à une réelle garantie pour les jeunes.
Adéquation entre les compétences des jeunes et le marché du travail :
Le  Gouvernement français est invité à simplifier les démarches et à développer les guichets uniques comme en Finlande, pour permettre de concentrer sur un même site tous les interlocuteurs susceptibles d’aider les jeunes dans leurs recherches d’emploi, et notamment les plus vulnérables d’entre eux, les décrocheurs et les jeunes sans qualification. Par ailleurs, le rapport suggère aux pouvoirs publics d’adapter le système de formation aux métiers de demain par la promotion de partenariats entre les employeurs et l’Éducation nationale, pour informer les jeunes sur ces métiers, par la promotion de compétences transversales, telles que les langues, l’informatique, les capacités d’expression ou de rédaction.
Les apprentis :
Les instances européennes sont appelées à maintenir et développer la promotion de la mobilité des étudiants et des apprentis. Concernant la France, le rapport appelle à maintenir les efforts de valorisation de l’apprentissage, comme en Allemagne et en Autriche, en mettant en place de réelles passerelles entre ces filières de formation et les cursus généralistes, pour que le choix d’orientation en apprentissage ne soit pas perçu comme nécessairement définitif, en relançant le dialogue social sur cette question, entre les partenaires sociaux et l’État, afin d’impliquer tous les acteurs dans un plan d’envergure pour la promotion de l’apprentissage, et en lançant une campagne médiatique pour sensibiliser les entreprises au recrutement de jeunes via la formation en apprentissage.
Les décrocheurs :
La commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale invite le Gouvernement français à réfléchir aux conditions de mise en œuvre d’un filet de sécurité pour les jeunes de moins de 25 ans, qui pourrait fonctionner selon le principe d’engagements réciproques à l’instar des dispositifs mis en œuvre en Allemagne, en Finlande, en Irlande, en Suède, au Danemark, en Australie, en Belgique, en Grèce, au Luxembourg et au Royaume-Uni.
Il est demandé aux pouvoirs publics de mettre en place des mesures adaptées visant à accompagner les décrocheurs dans l’accès à l’emploi, par une meilleure coopération entre les enseignants et les services de l’emploi, en proposant aux jeunes en voie de décrochage une formation adaptée… Il est également demandé aux pouvoirs publics de faire preuve de souplesse en proposant aux décrocheurs des modes de formation adaptés, via notamment un coaching particulier, comme en Finlande, et des structures de maintien dans la socialisation et de formation.

 

n°37

15 Avril 2015

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