Tous les analystes craignaient une abstention record à l’occasion du premier tour des élections qui ont eu lieu dimanche 23 mars. Sur ce point, ils ne se sont pas trompés. D’après le ministère de l'Intérieur, le taux d'abstention au premier tour des municipales, dimanche, était de 36,45%. Il s'agit d'un record pour ce type d’élections locales (l'abstention était de 33,46% au premier tour des municipales en 2008).
Ce premier tour se traduit par plusieurs enseignements significatifs, mais aussi par des surprises de taille au niveau des villes moyennes*.
* : la Fédération des villes moyennes a dressé ces constats, à partir des résultats électoraux d’un échantillon représentatif de 282 villes moyennes de 20 000 à 100 000 habitants.

Dimension locale évidente
La dimension locale, c’est-à-dire la personnalité et le bilan des équipes sortantes, reste une donnée essentielle de ces élections locales, puisqu’une centaine de listes, relevant des équipes sortantes (soit plus d’un tiers des villes moyennes), ont atteint le seuil des 50% des suffrages exprimés, et remporté ces élections dès le premier tour.
Sur une centaine de têtes de listes élues dès le 23 mars, soit plus d’un tiers des villes moyennes, 32 se situent à gauche de l’échiquier politique, 11 se situent au centre ou sont sans étiquette, 57 à droite dont 2 à l’extrême droite.
A gauche, les victoires dès le premier tour sont intervenues dans un très grand nombre de cas, dans les villes moyennes d’Outre-mer. Abbeville, Annonay, Auch, Bourg-en-Bresse, Liévin, Cahors, Nogent-sur-Oise, Tulle, Vandœuvre font partie des villes de métropole où la gauche a été reconduite dans ses fonctions.
À droite, 57 maires ont été reconduits dès le premier tour.  Dans un petit nombre de villes, les maires ont été renouvelés par plus de deux tiers des électeurs, comme à Combs-la-Ville (69,85%), à Yerres (77,14%), à Étampes (71,92%), à Saint-Dizier (72,62%) ou encore à Vitré (76,23%).
Triangulaires, quadrangulaires et pentagulaires : du jamais vu dans les villes moyennes !
Parmi les autres enseignements tirés de ce premier tour, figure aussi l’importance des préoccupations des habitants des villes pour leur avenir, et l’influence des enjeux de politique nationale, qui sont venus interférer plus fortement dans ce scrutin de dimension locale.
L’importance de l’abstention, des votes blancs ou du vote sanction, qui concrétise une sorte de rejet des partis traditionnels, ainsi été nettement sous-estimée par les sondeurs, au niveau de l’électorat des villes moyennes.
Du fait de l’éparpillement des listes « dissidentes » à gauche comme à droite, de l’importance du vote contestataire lié aux extrêmes (essentiellement représenté par le nombre de listes apparentées au Front national présentes au second tour), mais aussi probablement en raison d’une défiance à l’égard des partis majoritaires, les électeurs des villes moyennes vont être confrontés à des choix multiples lors de ce second tour.
En témoigne le nombre de triangulaires, quadrangulaires et pentagulaires, par rapport au niveau de l’ensemble des villes.

- Nombre de  triangulaires dans les villes moyennes : 84 dont 46 où le FN est présent
- Nombre de quadrangulaires : 62 dont 44 où le FN est présent
- Nombre de pentagulaires : 15 dont 13 où le FN est présent
L’implantation du Front national dans les conseils municipaux et communautaires des villes moyennes est désormais effective
Outre deux villes moyennes (Hénin-Beaumont et Orange) remportées au premier tour, plusieurs conseils municipaux et intercommunaux vont voir siéger des élus d’opposition appartenant au Front national. Les élus de ce parti sont ainsi déjà présents dans 34 villes moyennes, dont l’élection s’est jouée dès le premier tour, et seront assurés de l’être dans une centaine d’autres, soit pratiquement la moitié des villes moyennes.
En conséquence, si les logiques de désistement ne semblaient pas fonctionner en faveur des partis majoritaires, un grand nombre de maires de villes moyennes DVG ou DVD pourraient faire leur apparition à l’issue du 30 mars prochain. Une dizaine de villes moyennes pourraient en outre être conquises par le Front national.
Le niveau de l’abstention et les logiques de report des électeurs des villes moyennes auront donc une influence décisive sur ce second tour.