ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°680 -

L'apport de la culture à l'économie en France


L’Inspection Générale des Finances et l’Inspection Générale des Affaires culturelles ont publié début janvier le rapport d’une étude menée conjointement, visant à déterminer, comme l’indique son titre, l’apport de la culture à l’économie.
La culture est ici entendue comme les activités de production et de diffusion culturelles, et les activités indirectement culturelles, car ayant un lien étroit avec ces dernières. On pense par exemple aux entreprises de BTP spécialisées dans la restauration du patrimoine bâti.
Quelques chiffres globaux
En 2011, les activités culturelles représentent une valeur ajoutée de 57,8 Milliards d'euros, ce que l’on peut appeler le PIB culturel, soit 3,3% de la somme des valeurs ajoutées à l’économie française. C’est à dire pas moins de deux fois celle des télécommunications, ou l’équivalent du secteur de l’agriculture et des industries alimentaires. En ajoutant à cette somme les effets induits par les activités spécifiquement culturelles sur les secteurs économiques non culturels (transport par exemple), on peut chiffrer l’apport de la culture à l’économie à 104,5 Milliards d'euros. Quant aux emplois, ils représentent 670 000 personnes dans les entreprises culturelles, soit 2,5% de l’emploi total en France. Le spectacle vivant, la publicité et la presse sont les plus gros employeurs du secteur culturel.
L’effort de l’Etat en faveur de la culture s’élève à 13,9 Milliards d'euros, tandis que celui des collectivités, en majorité communes et EPCI, est de 7,6 Milliards d'euros.
Le rapport se penche ensuite sur quatre secteurs culturels, que sont ceux du jeu vidéo, de l’audiovisuel, du cinéma et de la mode, secteurs fortement transformés par le numérique.  Tandis que les secteurs du jeu-vidéo et de la mode sont très intégrés dans les marchés mondiaux, l’export constitue un surcroit de recettes limité pour l’audiovisuel et le cinéma.
Culture et territoire : un effet-levier ?
Dans une dernière partie, l’étude s’attaque à l’éternelle question qui est celle de l’effet de levier de la culture dans les territoires. Sa réponse : démontrer la corrélation positive entre initiatives culturelles et développement local. Pour cela, deux facettes de l’impact de la culture sur le territoire sont étudiés : la mesure de l’impact substantiel de manifestations culturelles, et la mesure de l’impact structurel d’initiatives culturelles. Impact structurel, impact substantiel, à deux indicateurs, deux méthodes.
Dans un premier temps, l’impact substantiel de manifestations culturelles a été calculé à partir de l’étude de cinq festivals (festival des arts et traditions populaires de Confolens, festival Django Reinhardt à Samois-sur-Seine, Médiévales de Provins, festival Blues Passions de Cognac, Vieilles Charrues à Carhaix). Bilan : un festival engendre en moyenne des retombées à hauteur de 30 à 40 euros par visiteur, l’impact global représente de un tiers à la moitié du budget local, et surtout, l’effet indirect de la diffusion dans le tissu économique local peut se mesurer à partir d’un coefficient multiplicateur de 1,3 à 1,8. L’impact substantiel est donc important.
Deuxième méthode, un suivi d’indicateurs de développement socioéconomiques sur des territoires suite à l’implantation ou au développement d’une manifestation, d’un monument, ou d’un équipement culturel. L’objectif est ici de déterminer un potentiel impact structurel sur le territoire concerné. La méthode utilisée est simple : 43 bassins de vie « culturels » sur lesquels un équipement ou une manifestation culturels a été implanté sont comparés à cinq bassins témoins, sur la base de six variables socioéconomiques (création d’emploi, d’entreprise, prix du mètre carré, actifs occupés, évolution de la population totale, salaire net horaire moyen, part de chômeurs). Exemples d’implantation culturelle dans des bassins tests : Hyères et la Médiathèque Saint-John Perse, ou le Musée de la Chartreuse à Douai. Globalement, les résultats montrent que la performance socioéconomique est supérieure pour les bassins tests, ayant bénéficié d’une initiative culturelle donc, que pour les bassins témoins.
Avec ces indicateurs, si la corrélation entre initiatives culturelles et dynamisme socio-économique structurel est donc établie, il est difficile de démontrer de manière incontestable le lien de causalité. Le dynamisme d’un territoire pourrait aussi être la raison d’un investissement culturel. Mais au moins, la corrélation établit de manière certaine qu’initiatives culturelles et dynamiques de performances socio-économiques sont liées.
Télécharger le rapport

n°680

29 Jan 2014

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Président : Gil Avérous

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