ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°437 -

Conjoncture économique - Le plan de secours pour les collectivités suffira-t-il ?


Dans un contexte économique dégradé, l’État va apporter à travers son plan de relance des milliards d’euros pour éviter que le secteur bancaire ne vacille. Faut-il rappeler les déboires financiers abyssaux des principaux prêteurs du secteur local, victimes tour à tour de l’effet « subprime » et/ou de positions hasardeuses prises par leurs stratèges ? Il s’agit dans l’immédiat de sauver le système bancaire pour maintenir « l’économie réelle »…
Sur le sujet sensible du crédit, depuis l’été dernier, des interrogations voire des surprises émergent autour d’un autre moteur indispensable à l’économie, celui des collectivités locales qui contribuent à 73 % des investissements publics. François Fillon vient d’ailleurs d’annoncer une enveloppe de cinq milliards d’euros destinée au financement des collectivités territoriales afin « d’empêcher un assèchement du crédit ».
Faut-il envisager une restriction d’accès ou des difficultés à obtenir un crédit ? Cela est dans l’immédiat difficilement envisageable pour le secteur local. Celui-ci reste apprécié pour ses qualités d’emprunteur stable et récurent ; il détient aussi un rôle fondamental d’amortisseur de crise. Il convient toutefois de ne pas ignorer quelques difficultés au niveau des villes moyennes : des institutions qui n’acceptent plus forcément de porter la totalité d’un emprunt demandé pour 2009, qui répondent tardivement aux consultations menées par les services financiers… des signes de fébrilité ?
Faut-il envisager un renchérissement voire des dérapages sur certains types de produits ? Cela est malheureusement vraissemblable. Pour les collectivités les plus fortement endettées, ayant procédé à des réaménagements de dette et pouvant être plus fortement que d’autres exposées à des montages financiers sophistiqués, l’incubation précédant la découverte du mal est achevée. L’actualité des collectivités résonne comme une évidence des dérapages financiers ayant pour origine des produits dérivés de taux* attendent certaines collectivités.
Au ministère de l’Intérieur comme à Bercy, les principales directions suivraient la situation de près, avec des estimations divergentes sur la quantité et la nature de ces produits. L'estimation des encours de prêts pour les collectivités locales en 2008 s'élève à 67 milliards d'euros et sur cette somme, 10 milliards seraient des « produits toxiques », estime-t-on au ministère de l'Intérieur. Certaines agences de notation financière ou consultants spécialisés en gestion de dette estiment, eux, ces produits à 20 à 25 milliards d'euros, soit de 15 à 40 % d’exposition ; des divergences de vues appréciables et des conséquences qui seront dans tous les cas dommageables.


* Produits dérivés ou structurés de taux : il s’agit de produits qui comportent généralement des contrats d’option très risqués qui supposent un suivi et une ingéniérie financière poussée (produits à barrière de taux, swaps, produits de pente de taux, indexation sur une monnaie étrangère…)

n°437

22 Oct 2008

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