ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°157 -

Faire de la silver économie un enjeu local de croissance économique


L’animateur Jean Dumonteil a ensuite introduit la seconde table-ronde sur la silver économie perçue comme un enjeu de croissance économique. Au-delà de l’adaptation du bloc local au vieillissement, se développe l’idée que les seniors sont aussi moteurs d’une croissance économique locale et d’une solidarité riche de transmissions de connaissance.
Adapter le logement, la première priorité
Philippe Baumel, président de l’agence d’urbanisme Sud Bourgogne, a souligné que le territoire d’action, « à la fois urbain et rural » de l’agence d’urbanisme Sud Bourgogne, « couvre notamment la Communauté urbaine Le Creusot - Montceau-les-Mines, la Communauté d’agglomération Le Grand Chalon et la Communauté de communes Sud Côte Chalonnaise ». Il a ciblé le « problème prioritaire de l’adaptation du logement, puisque ce territoire est supérieur à la moyenne nationale en nombre de personnes âges par rapport à la population totale ». Il a évoqué les partenariats avec le milieu du bâtiment, et l’animation d’une « maison témoin » pour apporter des réponses possibles aux enjeux, et ne surtout pas réduire la question de personnes âgées aux seules maisons de retraites. L’adaptation du logement lui semble primordiale, notamment en vue du maintien des personnes à domicile le plus longtemps possible. Il a exposé la solution de l’initiative « Vacance Répit Famille » (concept pour soulager les aidants familiaux), ainsi que les solutions liées au cluster domotique. Sur ce dernier volet, il a souligné « l’importance du lien avec la recherche, dont le Laboratoire Électronique, Informatique et Image (LE2I) de l’Université de Bourgogne ». Il s’est attaché enfin à exposer la relation entre les collectivités territoriales et la SNCF pour adapter l’offre horaire des TER aux besoins des « seniors ».
Développer des emplois non délocalisables
Valérie Egloff, conseillère régionale de Normandie, a rappelé pour sa part que la région Basse-Normandie avait été pionnière en matière de Silver économie, et elle avait d’ailleurs été « labellisée comme telle par Michèle Delaunay quand elle était au Gouvernement ». Ce choix avait clairement une visée économique et il est repris par la grande région aujourd’hui. Elle a évoqué la création du premier « Institut des services à la personne lancé à Alençon ». La région a beaucoup œuvré avec les bailleurs sociaux pour réfléchir aux concepts de « maison domotique ». Elle est longuement revenue sur le volet logement de la Silver économie. Elle a plaidé pour une « meilleure prise en compte de l’adaptation au vieillissement dans les formations des métiers du bâtiment et au cours de l’apprentissage des jeunes professionnels ». « La rénovation énergétique doit être mieux articulée avec la Silver économie, car ce sont des milliers d’emplois non délocalisables ! » a-t-elle souligné. La complémentarité « entre la réflexion des cinq départements normands sur la dépendance et la mission de la région sur ce secteur économique » lui a semblé être l’un des facteurs de la réussite. Un « Silver Day Normandie » s’est avéré en particulier un succès avec plusieurs centaines de participants, « allant de la start-up aux grandes entreprises nationales, dont Orange ». La Région s’est aussi attachée à « promouvoir des relations avec les couturiers et les designer » pour adapter les vêtements et le logement aux nouveaux besoins, rappelant l’adage « on travaille avec les personnes âgées et non pour les personnes âgées ».
« Faire de cette économie, celle de la confiance »
Sébastien Podevyn, directeur général de France Silver Eco, a parlé de la « nécessité de faire de cette économie, celle de la confiance ». Il a souligné les « trois enjeux culturel, économique et politique » du sujet. L’enjeu culturel « réside dans la transformation de la société et dans la perception d’une chance de se saisir de ce capital en devenir », car « il faut développer le capital sénior ». Le second défi est économique, car tout évitant de « faire des rayons séniors dans les magasins qui ne marcheront pas, il reste la nécessité d’adapter les produits au vieillissement ». Quant « aux défis politiques », il a estimé important de mieux coordonner « la région, le département, l’EPCI et la commune », en décloisonnant le plus possible. « Il faut mettre tout le monde autour de la table », comme l’association le fait avec son « comité de silver région ». Il a aussi déploré le « cloisonnement des administrations centrales de l’Etat comme des ministères, sur un sujet aussi transversal ». A la fin de son intervention, il a abordé un sujet complémentaire, lui tenant particulièrement à cœur, celui de la place de la formation professionnelle et de la formation des jeunes en général sur ces aspects.

 


Développer les plateformes locales d’adaptation
Dominique Monneron (en charge du projet « adaptation des territoires au vieillissement » à la Direction du Réseau et des Territoires de la CDC) a exprimé « sa conviction très forte de travailler le problème en priorité au niveau des intercommunalités et des communes ». Aussi, le Groupe CDC appréhende ce sujet de l’adaptation aux territoires au vieillissement sur de nombreuses priorités. Il faudra « mieux détecter les lieux où ces personnes âgées habitent », car selon lui, « la question de l’adaptation des résidences pavillonnaires des séniors est primordiale ». « La silver économie doit être dissociée de la question de la dépendance, car cette dernière ne concerne qu’un sénior sur cinq seulement » a-t-il rappelé. « La clef de la réussite réside dans l’adaptation des logements », et cela « peut atteindre 15 000 euros de travaux en moyenne ». Mais, il a estimé que « l’on reste encore trop dans une approche fondée sur l’aide sociale, comme par exemple les programmes de l’ANAH aux plus défavorisés », car « les personnes âgées ne savent pas à qui s’adresser et quoi demander comme aide ». La Caisse des Dépôts « préconise le développement des plateformes locales de l’adaptation des logements, en lien avec la performance énergétique ». En marge des EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), des « résidences services séniors » ont vocation à être davantage développé. A côté des logements-foyers construits dans les années 1960-1970 pour répondre à une demande urgente de logement des personnes âgées, devenues depuis résidences autonomie, le développement d’une offre de résidences avec services, qui s'adressent à une population de retraités autonome, a vocation à se consolider.

n°157

13 Déc 2017

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