Les chercheurs Xavier Desjardins (professeur de géographie à Sorbonne Université) et Philippe Estèbe (chercheur à Acadie) viennent de publier une synthèse de leurs travaux de recherche intitulée « Villes petites et moyennes et aménagement territorial - Éclairages anglais, allemands et italiens sur le cas français » le 13 décembre 2019 à Paris à l’occasion du séminaire « Les villes moyennes et petites : état de la recherche et paroles d’élus » co-organisé par le PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture), la Banque des territoires et le CGET. Les villes petites et moyennes sont l’objet, en France, de la sollicitude renouvelée des pouvoirs publics avec le Programme Action Cœur de Ville. Cette recherche, conduite avec des partenaires allemands, italiens et anglais, pose la question de l’existence de cette catégorie et de sa place dans les études et les politiques d’aménagement dans ces trois pays. Dans chaque pays, une catégorie « ville moyenne » est définie (« Mittlestadt », « città media », « medium-sized cities »), mais elle n’est déterminante ni dans les analyses géographiques, ni pour les politiques publiques. Selon les auteurs, « lorsqu’elles sont identifiées, plutôt dans les médias que dans la production académique ou politique, les villes moyennes évoquent plus souvent la qualité de vie que la désertification, l’abandon ou le déclin. Pourquoi cette absence ? D’une part, la distribution des fonctions urbaines est, dans les pays voisins, moins indexée sur la taille des villes qu’en France ; d’autre part les politiques urbaines s’inscrivent dans des politiques nationales d’aménagement qui ciblent rarement une catégorie démographique particulière de villes. Rapport entre pouvoirs locaux et nationaux, densité et trajectoire des politiques locales d’urbanisme : ces trois éléments singularisent la question des villes moyennes en France ». Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre de l’action de recherche « Les villes petites et moyennes dans la représentation et les stratégies d’aménagement territorial - Eclairages anglais, allemands et italiens sur le cas français ». Ce travail de recherche part de « l’hypothèse d’une singularité des villes moyennes françaises née de la conjonction de trois phénomènes observés au cours des deux derniers siècles derniers : une géographie industrielle d’implantations diffuses à proximité des ressources dans des territoires de faible densité ; un exode rural qui a privilégié les villes moyennes ; et enfin un déploiement territorial agencé par l’État sur l’ancien semis de villes moyennes ».