ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°280 -

Interview de Vincent Ravat, Directeur général de MERCIALYS



Villes de France à récemment signé un partenariat avec MERCIALYS, l’une des principales sociétés foncières en France et en Europe, experte dans la gestion, la transformation et la valorisation de centres commerciaux. MERCIALYS souhaite nourrir ses réflexions et en faire émerger des propositions de solutions pertinentes en associant son expertise à celle de Villes de France.

Quelles sont les principales missions d’une société foncière auprès des territoires villes membres du programme « Action Cœur de Ville » ?
De manière générale, en tant qu’interlocuteur de long terme, nous nous sentons la responsabilité de contribuer à la préservation et au rayonnement des territoires qui accueillent nos sites. Ҫa commence déjà par ne pas y créer de mètres carrés de commerce supplémentaires si les équilibres locaux ne le justifient pas ; ce qui est la plupart du temps le cas. Au-delà, nous faisons tout pour nourrir la synergie entre nos espaces commerciaux et leur environnement, en favorisant la création d’entreprise, en soutenant le commerce de proximité, l’insertion professionnelle et l’emploi… en étant tout simplement un acteur engagé en matière économique, sociale, écologique, caritative, sans compter notre concours à la promotion des valeurs patrimoniales, culturelles, et mêmes sportives des communes où nous sommes implantés.
Pour ce qui concerne précisément « Action Cœur de Ville », et notamment via les partenariats que Mercialys a noués avec les associations Centre-Ville en Mouvement ou encore Vitrines de France, nous aidons les collectivités, élus et managers de centres-villes, à professionnaliser la gestion de leurs rues commerçantes, à y élaborer une vision stratégique, en s’inspirant de ce que nous faisons pour nos propres malls. Humblement, avec notre savoir-faire, notre expérience, et notre dynamique servicielle.

Au terme de deux confinements, comment agissez-vous concrètement pour favoriser l’implantation et le maintien des commerces dans les centres-villes ?
A vrai dire, on a tout d’abord fait le maximum (notamment en exonération massive de loyers) pour assurer le maintien de nos propres commerces car, s’ils avaient disparu, s’agissant majoritairement d’entrepreneurs indépendants, c’est l’écosystème local qui en aurait partagé les impacts.
Cette crise a aussi été l’occasion pour nous de booster l’intégration de nos locataires dans notre propre dispositif de click & collect et livraison à domicile : « Ocitô ». Et comme il est devenu notoire à la fois que la digitalisation du magasin est incontournable et que l’exercice n’est pas aisé pour les commerçants de centres-villes (quel coût de développement ? comment assurer un fonctionnement pérenne ? à qui s’adresser de fiable ?), très concrètement, nous avons offert de leur ouvrir notre outil partout ! Idem avec notre programme de fidélité « Prim Prim ».
Enfin, indépendamment de la crise actuelle, nous faisons en sorte que chacun de nos sites propose aux créateurs locaux de venir exposer et vendre leurs produits dans une cellule commerciale que nous mettons gracieusement à disposition, ce en partenariat avec le réseau associatif Initiative France, omniprésent dans le pays, dont nous sommes mécènes. Ce sont nos propres directeurs qui viennent apporter leur expertise à ces « commerçants en herbe », de sorte qu’ils soient les mieux armés possible quand ils iront s’implanter durablement en ville. Le Marché de Noël des

 

créateurs, producteurs et artisans que nous accueillons en ce moment à Grenoble est un exemple de cette ouverture.

La Société MERCIALYS a publié un « manifeste pour une reterritorialisation du commerce » ; pouvez-vous nous préciser quelles sont les grandes lignes de vos propositions ?
Dans ce manifeste à notre initiative mais partagé par de nombreuses fédérations dédiées à la ville et au commerce, il est question d’éradiquer l’inégalité de traitement existant entre le commerce physique et les « pure players » de la vente en ligne. Ces derniers bénéficiant de privilèges exorbitants en matière fiscale, environnementale ou encore d’aménagement immobilier, qui faussent les règles de la concurrence et mettent à genou les magasins mais également les territoires ; rappelons qu’un quart du trafic routier urbain (et même 65% à Paris) est généré par les livraisons de produits commandés sur Internet. Mais qui au final rénove les voiries et infrastructures ?
Outre le fait que certains des opérateurs internationaux du e-commerce se révèlent avoir peu de respect pour notre droit français et l’éthique…, c’est à l’Etat d’intervenir pour établir l’équité sans laquelle – le Covid l’illustre de manière accélérée – il pourrait bientôt ne plus y avoir de commerces physiques tout court. Ce manifeste marque le début d’une croisade pour un véritable choix de société de demain : l’hégémonie d’une logistique urbaine déshumanisée ou l’épanouissement d’un commerce physique digitalisé animant la vie et le cœur des villes ?

Quels sont selon vous les bons leviers à actionner pour concilier le commerce physique et les technologies numériques dans les centres-villes ?
Vous pouvez me donner une truelle, je ne ferai pas pour autant un maçon ! Je veux dire par là que le numérique n’est qu’un moyen au service d’une approche différente du client, de la vente, du service. Il est donc essentiel de faire preuve de pédagogie vis-à-vis des commerçants de centres-villes pour qu’ils sachent exploiter la formidable opportunité qu’offre le numérique. Là encore, nous nous mettons à leur disposition, à celles des Maires et collaborateurs, pour expliquer, mobiliser et structurer le commerce digitalisé en centre-ville.

Accéder au site internet de Mercialys

n°280

03 Déc 2020

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