ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°23 -

Une nouvelle filière professionnelle devrait voir le jour


Face à la tendance croissante de poursuite d’études des bacheliers professionnels dans l’enseignement supérieur et aux besoins de qualifications nouvelles issues de la montée en gamme en cours ou à venir des différents secteurs d’activité, la secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, a confié une mission de réflexion visant à étudier les conditions de création d’une filière professionnelle post-bac adaptée aux bacs pros et en adéquation avec les besoins des entreprises.
Un post-bac pro inadapté
Les bacheliers professionnels, qui constituent aujourd’hui 30% des bacheliers, sont de plus en plus nombreux à vouloir poursuivre des études. Les difficultés d’insertion dues à la crise de l’emploi ne sont pas les seules à expliquer cette tendance. Il faut y voir d’abord l’expression d’une aspiration propre à ces nouvelles générations, renforcée par l’alignement de la durée de préparation au baccalauréat professionnel, sur celles des baccalauréats technologiques et généraux.
Aujourd’hui, près d’un bachelier professionnel sur deux poursuit des études : 30% dans l’enseignement supérieur et 17,5% en contrats de professionnalisation.
Inscrite dans la loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, l’orientation prioritaire des bacheliers professionnels en STS (section de technicien supérieur) a permis d’augmenter de 11% le nombre de ces bacheliers dans cette filière. Mais, cette mesure ne suffit pas face au flux croissant de bacheliers professionnels. De ce fait, ils sont nombreux (18 000) à se diriger vers l’université, dans des champs souvent éloignés de leur formation initiale. Là, leur taux d’échec est dramatique : à l’issue de la première année, leur taux de réussite n’est que de 3,5%.
Parallèlement, le paysage économique a considérablement changé en vingt-cinq ans. Avec la mondialisation et les avancées technologiques, la complexité des procédés et des normes, la demande en qualification s’accroît.

 

Un enjeu de justice sociale et de compétitivité
Dans ce contexte, la secrétaire d’État en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche souhaite créer une nouvelle filière professionnelle post-bac spécifique aux bacheliers professionnels et adaptée aux besoins des entreprises. Aussi, en décembre dernier, Geneviève Fioraso a-t-elle confié une mission dans ce sens à Christian Lerminiaux, ancien président de la conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), ancien directeur de l’université de technologie de Troyes. Il lui revient d’examiner les conditions de mise en place d’une filière professionnelle post-bac devant permettre aux bacheliers professionnels d’accéder à un diplôme de niveau III, le cas échéant une licence professionnelle, jusqu’à des formations plus longues, grâce à des passerelles vers les masters ou les écoles d’ingénieurs. Cette voie nouvelle aurait également vocation à accueillir des bacs pros déjà engagés dans la vie active et voulant compléter ou améliorer leurs qualifications et compétences.
Lors de la conférence de presse d’annonce de la mission confiée à Christian Lerminiaux, la secrétaire d’État a souligné : « le Gouvernement a une responsabilité quant à l’insertion, l’avenir des bacheliers professionnels, issus à plus de 80% des catégories les moins aisées de la société. C’est un enjeu de justice sociale, celui de rétablir l’ascenseur social républicain. C’est un enjeu économique, puisque le redressement industriel et la mise en place de nouvelles filières industrielles ne pourront se faire que si nous disposons des qualifications correspondantes ».
Dans la lettre de mission, Geneviève Fioraso suggère que la voie nouvelle soit dénommée « Section professionnelle supérieure » qui déboucherait sur un « Brevet professionnel supérieur » (par analogie avec les STS et les BTS). Elle demande également que soient respectés plusieurs principes :
- Un travail étroit doit être mené avec les acteurs économiques pour déterminer les qualifications à atteindre, et les référentiels de compétences associés.
- La conception de cette nouvelle offre de formation doit associer tous les types d’établissements d’enseignement supérieur : universités, lycées, et aussi les écoles d’ingénieurs, qui pourraient accueillir la « Section professionnelle supérieure ».
- La nouvelle filière doit s’appuyer sur le principe de l’alternance, qu’elle soit mise en œuvre sous le statut d’étudiant ou d’étudiant salarié sous contrat d’apprentissage.
Un premier rapport d’étape est attendu au plus tard trois mois après le démarrage de la mission et le rapport final dès le mois de juin afin que des expériences pilotes puissent être formalisées à la rentrée 2015, pour une généralisation à la rentrée 2016.

n°23

07 Jan 2015

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