Participaient à ce forum : les présidents de la FMVM (Bruno Bourg-Broc), de l’Assemblée des départements de France (ADF), de l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), de l’Association des maires des petites villes de France (APVF), de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) ; ainsi que les représentants des présidents de l’Association des régions de France (ARF), de l’Association des maires de France (AMF), de l’Association des communautés urbaines de France (ACUF) et de l’Assemblée des communautés de France (ADCF).
Enjeux
En ouverture du débat, Karine Gloanec-Maurin, présidente de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), et Jean Viard (sociologue) ont décrit une triple réalité : le rôle désormais indispensable des collectivités dans le champ culturel ; leurs difficultés actuelles (dans un contexte de crise financière et de réorganisation territoriale) ; leurs nouveaux défis. Arrivées au terme d’une première phase de démocratisation culturelle, les collectivités doivent en effet répondre aux attentes de nouveaux publics : jeunes, retraités, habitants des quartiers et populations immigrées, actifs disposant aujourd’hui de davantage de temps libre.
Il s’agit donc, pour les collectivités, de faire mieux avec moins de moyens pour demeurer des « producteurs de liberté » (Jean Viard) : liberté d’aller au théâtre, de visiter un monument, d’apprendre à jouer d’un instrument…
Propositions
Afin de garantir le bon fonctionnement de cette coopération, les intervenants ont avancé plusieurs propositions. Karine Gloanec-Maurin a plaidé pour le maintien des financements croisés, très encadrés dans la version actuelle du projet de loi de réforme des collectivités. Le sénateur Legendre a justifié, au contraire, l’encadrement des cofinancements par un souci de pragmatisme et d’optimisation des politiques publiques locales.
Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées et de l’APVF, a approuvé l’idée de clarifier les compétences des collectivités, et suggéré de substituer à la clause de compétence générale des conventionnements entre les collectivités. Représentant le président de l’AMF, Annie Genevard a appelé de ses vœux la création d’instances de débats entre les acteurs culturels locaux (à l’instar des Conférences du spectacle vivant en région). Ces lieux de rencontres n’annulent pas les divergences (politiques, géographiques), mais facilitent le dialogue et stimulent l’inventivité des décideurs.
Deux acteurs ont été particulièrement cités dans les débats : l’Etat et la société civile. Bruno Bourg-Broc a souligné le rôle irremplaçable du premier, comme facilitateur et péréquateur. Dans le champ culturel, l’intervention de l’Etat ne doit pas se limiter au ministère de la Culture et de la Communication, mais impliquer aussi le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le ministère de l’Education nationale (qui a été appelé à soutenir davantage les initiatives des collectivités dans les écoles, collèges et lycées). Michel Destot, président de l’AMGVF, a par ailleurs imaginé la tenue d’un
« Grenelle de la culture », qui rassemblerait l’ensemble des acteurs (y compris les associations) sur le modèle du Grenelle de l’environnement.
Spécificités des villes moyennes
Au nom des maires des villes moyennes, Bruno Bourg-Broc a salué l’émergence des questions culturelles parmi les priorités nouvelles des élus locaux. La vie culturelle apparaît en effet comme un élément essentiel de cohésion sociale et d’attractivité dans les villes moyennes. Comme l’exprime Madeleine Fève-Chobaut, adjointe au maire de Saint-Dié-des-Vosges et présidente de la commission Culture de la FMVM,
« la culture donne une couleur à la ville, (…) participe à l’éducation, ouvre l’esprit du jeune citoyen, aide le senior à rester ouvert sur le monde ».
La culture dans les villes moyennes est marquée par la transversalité (entre les arts, l’éducation, les nouvelles technologies, la science…) et l’ouverture à la diversité. Villes à taille humaine, les villes moyennes accordent une attention particulière à la diffusion de la culture pour chacun, en s’appuyant notamment sur le tissu associatif. L’engagement culturel des villes moyennes sert également l’attractivité des villes-centre et du territoire intercommunal sur lequel elles rayonnent. Philippe Bonnecarrère, maire d’Albi, a ainsi incité les élus à mettre leur projet culturel en perspective avec la stratégie d’attractivité de leur ville.
Déclaration finale
En conclusion des échanges, les présidents des associations d’élus et leurs représentants se sont engagés, par une déclaration commune, à :
- garantir les conditions nécessaires à la création et à la diffusion culturelles, au service du lien social, du bien-être individuel et du développement de l’esprit critique ;
- renforcer le partenariat avec l’Etat, acteur indispensable de l’aménagement du territoire, de la cohésion nationale et de l’équité dans l’accès à la culture ;
- veiller à la poursuite de la décentralisation et à une meilleure prise en compte de la richesse culturelle des territoires ;
- collaborer plus étroitement avec les artistes, les professionnels et les publics, en reconnaissant leur pleine légitimité ;
- assumer le nouveau rôle des collectivités financeurs mais aussi producteurs des politiques culturelles.