Pour éclairer les stratégies publiques et privées, il importe de disposer d’éléments chiffrés permettant de suivre de manière objective les objectifs de développement durable dans toutes leurs dimensions. C’est ainsi que l’ensemble des pays de l’ONU s’est entendu sur des indicateurs statistiques, jugés les plus pertinents pour suivre les 17 objectifs de développement durable au plan international. Le groupe de travail du Cnis (Conseil national de l’information statistique) vient de proposer un tableau de bord d’une centaine d’indicateurs statistiques jugés pertinents pour la France et suffisamment pérennes et robustes pour être utilisés jusqu’en 2030 environ en complément des indicateurs internationaux. L’association Villes de France, disposant du statut consultatif spécial auprès du Conseil Économique et Social des Nations Unies (ECOSOC), a été conviée à ces réunions de travail françaises au cours de ces derniers mois, notamment à la suite de sa participation au « Forum régional pour le développement durable » le 25 avril 2017 au Palais des Nations à Genève (voir Ondes Urbaines n°129). Le rapport du Cnis vient d’être publié le 5 juillet 2018.
Des indicateurs pour éclairer les stratégies publiques, notamment locales
Selon l’ONU «pour que les objectifs soient atteints, chacun doit faire sa part : les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les personnes comme vous». Ces objectifs et le développement durable en lui-même recèlent de fortes contradictions : entre croissance économique et protection de l’environnement, entre liberté d’entreprendre et
égalité, entre protection du paysage et développement des énergies renouvelables, entre rendement agricole et préservation des écosystèmes, entre développement des services publics et équilibre des comptes publics, etc.
Une palette d’indicateurs correspondant à la situation française
Le groupe de travail du Cnis, présidé par Jean-René Brunetière, Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts, réunissait une centaine de membres d’horizons très divers (société civile, organisations syndicales, associations, ONG, collectivités territoriales, chercheurs et experts, observatoires, producteurs de statistiques publiques, directions d’administration centrale des ministères ou établissements publics). La France a également souhaité disposer d’indicateurs adaptés à la situation et aux politiques nationales. À l ’instigation de la déléguée interministérielle au Développement durable, le Conseil national de l’information statistique (Cnis) a décidé en juin 2017 de conduire une concertation pour obtenir un tableau de bord de suivi quantitatif des 17 objectifs du développement durable, cohérent avec l’approche internationale, pertinent pour la société française et partagé par l’ensemble des acteurs. Ainsi, dans son rapport remis au Cnis le 27 juin dernier, le groupe de travail propose un tableau de bord de 98 indicateurs qui couvre, de manière équilibrée, les 17 objectifs du développement durable sur lesquels s’est entendue la communauté internationale en 2015 et qui ont une valeur universelle. Il inclut les 10 indicateurs de richesse nationale proposés par loi dite Eva Sas et suivis annuellement par le gouvernement. Il privilégie, autant que faire se peut, les indicateurs de résultats. Il s’efforce, dans la mesure du possible, de sélectionner les indicateurs comparables entre pays européens. Ces indicateurs sont suffisamment pérennes et robustes pour être utilisés jusqu’en 2030 environ. Le rapport présente également l’ensemble des résultats chiffrés des indicateurs.
Des recommandations pour améliorer la connaissance
Lorsque les données existantes ne permettaient pas de décrire convenablement l’objectif participant à la stratégie de développement durable, le groupe de travail suggère les voies d’amélioration possibles. Il indique aussi clairement le bon usage et les limites à l’interprétation des indicateurs existants. Pour assurer la meilleure prise en compte possible des objectifs de développement durable, le groupe de travail formule également des recommandations pour assurer une bonne visibilité au tableau de bord et faciliter sa compréhension par le public. La réunion de ces réflexions collectives devrait constituer un outil important dans l’élaboration de la «feuille de route» française pour les objectifs de développement durable.
Retrouvez le rapport ici