La transition écologique fut au cœur des campagnes municipales et va faire l’objet de nouveaux projets dans les villes de taille moyenne et leurs intercommunalités. Le plan de relance crédite 30 milliards d’euros pour la transition écologique dont de nombreux crédits pour les territoires comme les 1,3 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics des collectivités. Les futurs contats de relance et de transition écologique (CRTE) porteront l’appui de l’Etat aux projets de territoire.
Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux de transition écologique portés par les maires de villes moyennes et les présidents d’intercommunalités.
Trois questions à Monsieur Thierry Repentin, maire de Chambéry, président de l’Anah (Agence Nationale de l’Habitat).
Quels sont selon vous les enjeux majeurs de la transition écologique dans les villes moyennes et leurs intercommunalités ?
Il s’agit d’un défi transversal, mais qui a des traductions très concrètes. En matière de transition écologique, je suis convaincu que la rénovation énergétique des bâtiments et logements est un levier essentiel. A moyen terme, c’est sans doute le principal axe sur lequel les collectivités peuvent agir. D’ailleurs cette proposition a été reprise par les participants à la Convention Citoyenne pour le Climat. On estime que 80% des bâtiments qui seront occupés en 2050 existent déjà : c’est sur ces derniers que nous devons concentrer nos efforts.
Nous ne pourrons pas tenir les objectifs fixés lors de la COP21 sans une massification de la rénovation énergétique. En tant que Président de l’Anah (Agence National de l’Habitat), je me félicite du budget inédit alloué à l’agence cette année. Ces crédits supplémentaires nous permettent de financer l’ouverture de l’aide MaPrimeRenov’ pour tous les propriétaires bailleurs. Grace à cela les propriétaires occupants comme bailleurs peuvent financer à moindre coût leurs projets de rénovation énergétique. D’ailleurs, ces aides ont souvent un effet levier : un financement de l’Anah provoque d’autres aides, notamment des intercommunalités. C’est une dimension qui parfois dans le passé a fait défaut dans les programmes de rénovation urbaine.
Pouvez-vous présenter une initiative de votre collectivité que vous souhaiteriez partager ?
A Chambéry nous travaillons à augmenter la part d’ENR&R (Energies renouvelables et de récupération) dans notre réseau de chauffage urbain par l’installation d’une nouvelle turbine qui permettra de récupérer de la chaleur fatale issue de l’incinérateur à déchets. Ce nouvel aménagement nous permettra de faire passer la part d’ENR&R de 70 % à 80 %, ce qui serait un niveau exemplaire à l’échelle nationale, voire européenne.
Nous menons ce travail de concertation et de négociation avec notre délégataire SCDC et le syndicat mixte en charge des déchets. Il est le fruit d’une volonté politique forte de notre nouvelle majorité, mais aussi d’une culture bien installée à Chambéry où nous sommes l’un des premiers réseaux de France. Le chauffage urbain permet aujourd’hui de chauffer plusieurs sites de l’hôpital, des bâtiments publics, plusieurs copropriétés ainsi que d’importants sites industriels, et dans le cahier des charges de nos ZAC en devenir, les nouvelles constructions seront raccordées.
Nous espérons que ce chantier pourra aboutir et qu’il convaincra d’autres collectivités à réaliser elles aussi ces investissements.
En tant qu’élu local, quelles sont vos attentes vis-à-vis des institutions pour faciliter la transition écologique dans les territoires ?
Mettre en œuvre une véritable transition écologique sur les territoires demande parfois de réaliser des investissements lourds. A court terme, cela pèse énormément sur le budget d’investissement d’une commune ou d’une intercommunalité. Cela dit, l’urgence climatique est là, et nous ne pouvons pas retarder sans cesse la transition.
En tant qu’élu local, j’attends donc un soutien de la part de l’Etat à ces investissements qui sont conséquents mais nécessaires. Le plan de relance doit donner de l’amplitude aux collectivités pour mettre en œuvre la transition écologique : ce sont les élus locaux qui connaissent le mieux leurs territoires, leurs spécificités et leurs besoins.