ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°408 -

Trois question à François Rieu, Directeur du pôle Institutionnels Caisse d’Epargne - Groupe BPCE



Quelle est votre appréciation de la conjoncture économique actuelle ?
Nous le voyons tous quotidiennement, l’inflation est restée très élevée en 2023. Pour la combattre, les banques centrales ont progressivement augmenté leurs taux directeurs. Les taux de crédit ont suivi, mettant fin à une période exceptionnelle d’argent abondant et quasi-gratuit. Jusqu’où montera-t-on ? François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a récemment déclaré « nous sommes en train de gagner la bataille contre l'inflation et sauf surprise, sauf choc, la hausse de nos taux directeurs, c'est fini ». En parallèle, le PIB en zone euro est entré en contraction au troisième trimestre à -0,1% par rapport au trimestre précédent.
Les taux de crédit devraient donc se stabiliser. Vont-ils baisser ? Un tel mouvement a bien été amorcée dans certains pays émergents, mais, en ce qui concerne nos économies développées, nos économistes n’envisagent pas qu’un tel scénario s’amorce avant courant 2024 et effectivement sous conditions multiples. Le retour de taux quasi nuls est certainement exclu, mais, si l’on tient compte du niveau d’inflation attendu, on devrait avoir des taux d’intérêts réels attractifs.

Quelles en sont les conséquences pour le secteur bancaire, pour le groupe BPCE ?
Pendant quelques années, les banques ont bénéficié d’une période exceptionnelle avec le Quantitative Easing. La priorité était de relancer la machine économique. L’outil : l’abondance de la liquidité injectés à des taux d’intérêt au plus bas.
La fin de cette abondance de liquidité nous ramène à une situation plus classique. L’argent est plus rare, les banques doivent donc revoir et affiner leur gestion actif /passif tout en prenant garde à ne pas mettre en risque certains secteurs comme les entreprises ou le secteur immobilier qui ont très fortement augmenté leur recours à l’emprunt. Les établissements collecteurs comme nous doivent aussi s’adapter car leur collecte, composante significative de leur ressource, est surtout rémunérée à des taux courts, actuellement très élevés.
Aujourd’hui les banques et le Groupe BPCE sont dans une logique de développement équilibré à la fois de leurs encours de collecte et de leurs encours de crédits.

Ce raidissement des conditions de crédit permet-il des opportunités pour le financement des projets verts ?
Le rapport Pisani-Ferry Mahfouz a mis des chiffres en face des besoins d’investissement de transition. Le travail de certains Think-Tanks comme I4CE confirme leur ampleur. Les besoins d’investissements sont énormes, or, la trajectoire pluriannuelle cible de la dette limite drastiquement la contribution de l’endettement classique du secteur public, Etat comme collectivités. Le recours à des subventions nationales ou même européennes ne suffira pas non plus.
Il va falloir sortir du cadre pour financer les équipements de transition. Une remarque : il s’agit d’investissements disruptifs. Ces transitions vont amener une rupture, un nouvel équilibre économique avec des gains spécifiques va se mettre en place.
Le caractère incontournable et urgent des enjeux de transition amène les banques et les investisseurs privés ou publics à orienter de plus en plus les financements vers des investissements en faveur de la transition écologique.
Connaissant de près depuis longtemps les collectivités locales et leur stratégie d’investissement, nous sommes évidemment très bien placés pour mettre à leur disposition ces nouvelles ressources dédiées à des équipements ciblés sur les transitions.
Par exemple, le réseau Caisse d’Epargne distribue avec la BEI des financements très ciblés sur des projets stratégiques : eau et assainissement, efficacité énergétique, mobilité durable, mais aussi rénovation des équipements sportifs, à la veille des JOP de Paris 2024 dont, avec le Groupe BPCE, Caisse d’Epargne est partenaire premium.
En fait, on change de paradigme, on revient au financement par projet. Cela nous conduit à renforcer nos échanges avec nos clients au travers de « dialogues RSE » réguliers pour documenter leur stratégie par rapport aux transitions et pour mieux les conseiller dans leurs opérations en les accompagnant le plus en amont possible.
Ainsi, Caisse d’Epargne, banque de proximité et partenaire de long terme des territoires prend sa place parmi les grands financeurs de l’avenir des territoires que construisent les collectivités.

 

 

n°408

30 Nov 2023

2






Partager sur :



Directeur de la publication
Président : Gil Avérous

Directeur de la publication
Jean-François Debat

Rédacteur en chef
Guillaume Ségala

Rédaction
Armand Pinoteau, Margaux Beau, Arthur Urban, Anaëlle Chouillard

Secrétariat
Anissa Ghaidi