ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°337 -

Trois questions à Denis Thuriot, maire de Nevers, président du groupe de travail Numérique de Villes de France



Alors que la guerre en Ukraine amène l’Union Européenne à structurer fortement et rapidement son action, la présidence française de cette institution est une opportunité pour impulser ou renforcer les politiques d’avenir. Villes de France a d’ailleurs remis en début d’année sa contribution pour une Union européenne des territoires. La ville de Nevers accueille les 8 et 9 mars le sommet européen des Télécommunications avec la participation de 27 ministres européens. Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux numériques de l’Union européenne pour les villes moyennes et leurs intercommunalités avec une interview de Monsieur Denis Thuriot, maire de Nevers, président du groupe de travail Numérique de Villes de France.

Pourquoi la ville de Nevers pour accueillir le sommet européen des Télécommunications ? Les villes moyennes peuvent-t-elles être pionnières dans ce domaine ?
Pourquoi pas ? Dans le cadre de la Présidence Française de l’Union Européenne, des conseils et réunions de ministres européens étaient organisées en France, et Nevers, conjointement avec le circuit de Nevers Magny-Cours, a effectivement pu accueillir la Réunion Informelle des Ministres des Télécommunications. Nevers était la moins peuplée des villes d’accueil, elle représentait en quelque sorte toutes les villes médianes de France et a démontré que ces villes sont en capacité d’accueillir ce type d’événement, qu’elles comptent et ont un rôle à jouer dans le maillage des villes françaises.
J’avais défendu la candidature de Nevers auprès du Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O. Ce dernier, avec le Président de la République et la Présidence Française du Conseil de l’Union Européenne, ont choisi de faire de Nevers la capitale européenne des Télécommunications durant deux jours pour souligner la place acquise par notre agglomération dans les domaines de l’innovation et des nouvelles technologies.
Finalement, rien d’étonnant d’avoir choisi une ville médiane puisque l’innovation et le concept de « smart territoire » sont les chances de réinvention de ces villes et les moyens de les redynamiser, de leur redon­ner de l’attractivité. C’est pourquoi, à Nevers, nous avons fait du numérique un des axes forts du développement. Et le Sommet International de l’Innovation en Villes Médianes (SIIViM), organisé par Nevers Agglomération et la Ville de Nevers et placé sous le Haut Patronage du Président de la République, a pour objectif, d’une part, de structurer un réseau de villes afin de favoriser leur développement et leurs échanges économiques et, d’autre part, de proposer une expérience inédite de la ville intelligente de demain.

Quels ont été les sujets de discussion à l’ordre du jour du sommet européen des Télécommunications, quels temps forts se sont déroulés en parallèle ?
La Présidence Française de l’Union Européenne est l’occasion de faire progresser un certain nombre de dossiers stratégiques au service de la souveraineté numérique européenne en matière de protection des données, de développement, d’intelligence artificielle, de sécurité… Au regard du contexte international, les ministres européens ont dédié leur réunion de Nevers aux enjeux de cybersécurité et de résilience des infrastructures et réseaux de communications électroniques en Europe.
J’avais souhaité que, dans le cadre de la Réunion Informelle des Ministres des Télécommunications, soient organisés des événements qui soulignent la dimension européenne de ces journées, qui soient ouverts à tous et qui permettent aux Nivernais de mieux connaitre l’Europe, d’appréhender les grands enjeux du numérique à l’échelle européenne. Nous avons donc choisi d’évoquer un certain nombre de thèmes sous formes de tables-rondes, et de les organiser à

 

l’Inkub, notre incubateur de start-up qui est le lieu symbole du tournant numérique que notre territoire a pris dès 2014. Cédric O nous a fait l’amitié d’y participer et également d’échanger avec des lycéens lors d’une rencontre organisée par la Maison de l'Europe en Bourgogne-Franche-Comté.

Selon vous, quelle est ou devrait être la place de l’Union européenne pour les politiques numériques locales ?
Avec la « décennie numérique », une stratégie votée l’année dernière, l’Europe s’est engagée dans un vaste plan pour développer les services numériques. Toutes les collectivités européennes peuvent proposer des projets, dans les domaines de l’éducation, de la gestion des déchets, de la mobilité, etc. L’Europe soutient d’ailleurs, depuis des années, les communes dans le développement de leurs services numériques par le biais notamment des aides régionales, FEDER ou FEADER. Bien sûr, ces développements des usages numériques doivent s’intégrer dans un modèle qui respecte les valeurs européennes et basé sur l’utilisation de logiciels libres et la mise en œuvre de solutions ouvertes et accessibles, en toute sécurité. Nevers est par ailleurs impliquée avec la ville de Fundão au Portugal dans le projet européen URBACT visant au déploiement du Territoire Intelligent. L’Europe doit selon moi accentuer son soutien et son action dans un certain nombre d’axes forts comme le développement du numérique à l’école, le numérique responsable, en favorisant l’accès au numérique pour tous, la formation des petites entreprises locales, en soutenant le développement de services en ligne, et la création de nouveaux services dans les domaines de la Culture et du Tourisme.

n°337

17 Mars 2022

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