ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°52 -

Une rentrée sous haute tension pour les Villes de France


Éditorial de Caroline Cayeux, sénateur-maire de Beauvais, présidente de Villes de France

La baisse sensible et la fébrilité qui ont marqué les marchés asiatiques en août sont venues nous rappeler que les signes d’une reprise économique solide dans la zone euro ne seraient malheureusement pas au rendez-vous dans un futur proche.
Dans un contexte où Bercy affine ses estimations économiques pour la préparation du projet de loi de finances pour 2016, le Gouvernement doit d’ores-et-déjà revoir sa copie pour 2015, le rythme de progression des recettes (notamment fiscales) ayant été plus faible que prévu. Au cœur de ce magma budgétaire, les perspectives de réduction de la DGF au titre du redressement des comptes publics restent inchangées. Dans sa globalité, l’investissement public local devrait donc baisser de manière durable et à un rythme soutenu.
Pour les collectivités qui pourront structurellement investir, le Premier ministre, Manuel Valls, vient de confirmer l'inscription dans la loi de finances 2016 d'un fonds doté d'un milliard d'euros pour soutenir les projets locaux. Cette mesure, déjà annoncée fin mai au bloc communal, ne bénéficie pour l’heure d’aucune ressource pour être alimentée…

Le 31 juillet dernier, le Premier ministre, annonçait aussi le choix des capitales régionales. La date de cette annonce nous interpelle : faut-il y voir la preuve de l’importance que celui-ci attache à la réforme territoriale, ou bien la volonté de ne pas faire trop de vagues ? Toujours est-il que la notion de capitale régionale associée à celle de métropole est sensible pour nos territoires. Notamment parce que ce serons nous qui devront les financer ! Mais aussi, parce que ces décisions d’aménagement emportent de nombreuses conséquences. Il s’agit d’un lieu d'exercice des pouvoirs déconcentré et décentralisé, et il s’agit surtout du lieu où se concentrent de plus en plus les fonctions supérieures (enseignement supérieur, recherche, sièges des grandes entreprises, justice, services du préfet de région…).
Lorsque la réforme territoriale avait été lancée, les mots d'ordre étaient : simplifier, économiser l'argent public, rationaliser les structures. Aujourd’hui, nous faisons le constat amer que l’État contribue, et accentue sans cesse par ses politiques publiques, à mettre en place une France à deux vitesses ; celle des grandes régions et des métropoles, et en face une autre, qui serait constituée « d’espaces périphériques interstitiels ».
Cette même logique, nous l’avons vu jouer à plein dans la « braderie » organisée des Trains d’équilibre du territoire, qui est une composante essentielle de la desserte de nos territoires.
Ces trains Intercités ont fait l’objet d’une actualité animée, et c’est sans doute grâce à la réaction de Villes de France que le ministre chargé des transports, Alain Vidalies, a finalement rendu une feuille de route pour « imprimer une nouvelle dynamique et faire renaître cette offre ». Seul bémol, le préfet François Philizot - missionné pour être l’interlocuteur des territoires et des parties prenantes concernant les évolutions d’offre et de gouvernance jusqu’en mai 2016 - examinera avec les seuls élus régionaux les modalités d’évolution de ce service…Villes de France exclue d’entrée du débat, sera de toute façon extrêmement vigilante.
En cette rentrée scolaire, nous avons de bonnes raisons de penser que c’est au contraire dans le souci donné au maillage du territoire, et à son aménagement, davantage qu’à la concentration des services publics dans quelques grands centres, que se joue l’avenir de la France. Les Villes de France sont l’expression vivante de cette vraie proximité !

Caroline Cayeux
Sénateur-maire de Beauvais
Présidente de Villes de France

 

n°52

02 Sept 2015

2






Partager sur :



Directeur de la publication
Président : Gil Avérous

Directeur de la publication
Jean-François Debat

Rédacteur en chef
Guillaume Ségala

Rédaction
Armand Pinoteau, Margaux Beau, Arthur Urban, Anaëlle Chouillard

Secrétariat
Anissa Ghaidi