ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°602 -

Démocratisation de l'accès en l'enseignement supérieur - Des pistes pour mettre fin aux inégalités sociales


Le 24 janvier dernier, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a confié à Salima Saa, présidente de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances, une mission sur la relance de l'ascenseur social par l'enseignement supérieur.
Dans sa lettre de mission, le ministre soulignait que « l'enseignement supérieur reste synonyme d’espoir d'ascension sociale ». Et le fait est qu'un diplôme du supérieur reste le sésame pour l'emploi : un diplômé a troisfois plus de chances de trouver un emploi qu'un non-diplômé.
Toutefois de nombreux signes montrent que le moteur se grippe et que l'ascenseur social ne s'arrête plus à tous les étages.
Les inégalités persistent, rappelait le ministre en argumentant son propos : « la proportion d’enfants d’employés et de catégories intermédiaires a baissé de 3,2 points en 10 ans dans l’enseignement supérieur […] alors que cette catégorie s’est renforcée dans la population générale ». « Les enfants de cadres supérieurs et professions libérales sont plus de 3 fois plus nombreux dans le supérieur que dans la population générale ». Cette sur-représentation existe dans toutes les filières, mais culmine dans les classes préparatoires.
La massification de l'enseignement supérieur n'a donc pas nécessairement conduit à sa démocratisation : en France, l'impact de l'origine sociale est le double de celui du Japon ou du Canada. Et les diplômés français restent, en majorité, issus des classes supérieures.
Pour remplir sa mission sur les moyens d’améliorer l’ouverture sociale dans l’enseignement supérieur, Salima Saa a sollicité les acteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur : ONISEP, Conférence des grandes écoles, Passeport Avenir, Institut de management et de communication interculturels (ISIT), Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV). On regrettera que la présidente de l'Acsé n'ait pas jugé nécessaire d'auditionner les représentants des collectivités locales qui œuvrent pourtant quotidiennement en faveur de la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur et de l’égalité territoriale. Faut-il encore une fois rappeler combien les régions, les départements, les villes et leurs intercommunalités contribuent financièrement au fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur et à la vie étudiante ? Apparemment, oui…

Reproduction des inégalités sociales
Dans son rapport publié fin mars, Salima Saa part d’un constat accablant : « Alors qu’à l’entrée en 6e, 45% des élèves sont des enfants d’ouvriers ou d’employés, ils ne sont plus que 36% parmi les bacheliers, 20% parmi les bacheliers généraux avec mention et seulement 13% à entrer en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE). Dans le même temps, les enfants de cadres, des professions libérales et d’enseignants qui ne représentent que 19% des effectifs à l’entrée en 6e, représentent 26% des bacheliers, 46% des bacheliers généraux avec mention et 54% des entrées en CPGE. On a approximativement la même distribution au niveau Master, que le diplôme soit préparé à l’université ou dans une grande école. »
La reproduction d’inégalités sociales à l’école est devenue, au fil du temps, un fait social qui combine une multitude de facteurs. Certains sont liés directement au fonctionnement même du système éducatif, d’autres sont d’ordre personnel et liés au degré de proximité de l’environnement familial du jeune avec la culture scolaire. D’autres encore sont liés à la complexité et l’opacité des offres de formation qui requièrent la maîtrise de codes de plus en plus sophistiqués.

Permettre à chacun de réaliser son potentiel
L'école étant le creuset de la Nation, la démocratisation scolaire est une exigence. Et il appartient à la puissance publique de faire en sorte que, dans la montée vers toute forme d’excellence, chacun soit placé dans des conditions équitables.
« Entre massification, qui tend mécaniquement à standardiser et uniformiser l’action publique, et politique d’égalité des chances, qui prend en compte les caractéristiques individuelles, nous sommes maintenant à la convergence de ces deux mouvements pour adopter une voie d’ouverture sociale nouvelle » estime la présidente de l'Acsé.
Les préconisations de Salima Saa s’organisent selon trois axes qui interagissent et concourent au même objectif de davantage de justice et d’équité sociale et territoriale dans le fonctionnement du système scolaire :
- Vaincre l'autocensure grâce à l’accompagnement personnalisé
Les mesures proposées concernent l'orientation, l'accompagnement, l'accès aux classes préparatoires, les dispositifs de solidarité et d’accompagnement.
- Ouvrir l'enseignement supérieur en adaptant sa structure
Les préconisations portent sur une réforme des concours, la valorisation des filières technologiques, le développement de l'accès à l'enseignement supérieur par le diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU), le développement de l'alternance dans le supérieur.
- Lever les obstacles financiers et territoriaux
Les mesures concernent le logement et les aides.

Rapport consultable en ligne :
http://www.villesmoyennes.asso.fr/fr/page_dossiers.php?ARB_N_ID=47&ART_N_ID=568

 

n°602

02 Mai 2012

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