Madame la Ministre, Chère Jacqueline Gourault,
Mesdames, Messieurs élus de Villes de France, chers amis,
Mesdames, Messieurs les partenaires de Villes de France,
Mesdames, Messieurs,
Vous me permettrez tout d’abord de remercier le groupe BPCE pour son accueil dans ces magnifiques locaux des Caisses d’Epargne. Cher Jean-Sylvain Ruggiu, je vous adresse un remerciement particulier pour votre propos et pour le soutien que vous apportez à notre association. Nous avons eu ensemble cet après-midi des échanges très intéressants autour du programme Action Cœur de Ville. 2019 va être l’année de sa déclinaison opérationnelle sur les territoires ; j’y reviendrai.
Chère Jacqueline Gourault, merci pour votre présence amicale à nos côtés aujourd’hui. Je souhaite que 2019 nous permette de prolonger, voire d’intensifier, ce dialogue constructif et exigeant que nous entretenons. De grands chantiers nous attendent et je serai, comme Présidente de Villes de France, au rendez-vous du mandat qui m’a été
confié par les villes et EPCI adhérents de notre association. En effet, nous sommes des territoires responsables, ni complaisants, ni dogmatiques, nous agissons pour défendre nos territoires, leurs élus et leurs habitants. Le dialogue reste toujours la meilleure voie pour trouver des solutions et pour avancer. Nous avons toujours privilégié le dialogue, même difficile, aux bruits des estrades.
Le dialogue se poursuivra donc avec le Gouvernement, mais il se poursuivra également de concert avec nos amis des autres associations d’élus. Je tiens à saluer ce soir la présence que je sais également très bienveillante de Christophe Bouillon, Président de l’association des petites villes de France, et de Jean-Luc Rigault, Président de l’Association des Communautés de France.
Mesdames, Messieurs,
Cette année 2019 s’ouvre dans un climat d’inquiétudes et de tensions mises en lumière par la crise dite des gilets jaunes.
Nous, Maires des villes moyennes, nous l’avons vécu de plein fouet. Nous n’avons rien découvert. Ces difficultés de pouvoir d’achat, ces fractures sociales et territoriales, nous les mesurons depuis longtemps. Nous les vivons, nous qui sommes des interlocuteurs du quotidien, des capteurs sociaux, nous qui accompagnons chaque jour nos concitoyens et singulièrement ceux qui subissent les difficultés de la vie, celles du chômage, du logement ou de la maladie.
Ces inquiétudes, ces tensions, elles nous touchent au plus profond de notre cœur car toutes et tous ici, nous aimons nos villes comme nous aimons celles et ceux qui y vivent.
Ces tensions ne datent pas d’hier, ni d’avant hier. Dès 1995, Philippe Séguin diagnostiquait déjà lors de la campagne présidentielle de Jacques Chirac cette fracture sociale qui divisait notre pays. Aujourd’hui cette fracture sociale s’est élargie et s’est en plus doublée d’une fracture territoriale et peut-être même triplée d’une fracture démocratique, c’est la fracturation DST : démocratique – sociale – territoriale.
Nous voyons une part croissante de nos concitoyens qui vivent au quotidien avec l’inquiétude de la fin du mois. Ils m’ont rappelé à Beauvais, lors de mes permanences toutes les semaines, dans les rues ou sur les ronds-points de la ville, leur angoisse quant à l’avenir.
Nous voyons une part non négligeable de nos concitoyens s’éloigner de la démocratie représentative et laisser ainsi la place à tous les fantasmes et manipulations qui vont s’engouffrer dans les têtes. Je cite pêle-mêle : thèses complotistes, méconnaissance des réalités, fake-news ou pseudo-croyances souvent initiées et relayées par des partisans du désordre. Ainsi la méfiance devient la norme et la défiance devient la règle.
C’est pourquoi les réponses deviennent urgentes. Nous ne pouvons plus attendre, au risque de fragiliser définitivement notre pacte républicain, auquel, nous élus locaux et la majorité des Français, sommes si attachés.
Le Président de la République a lancé il y a une semaine le grand débat qu’il avait annoncé à la fin de l’année 2018.
A Villes de France, nous souhaitons la mobilisation la plus large possible des Français et par conséquent la réussite de ce grand débat.
Elus responsables, nous ne resterons pas à l’écart. Nous serons des facilitateurs du débat. Mais pas seulement ! Nous y participerons comme élus et comme citoyens. Nous y contribuerons. Nous ne pouvons naturellement nous désintéresser de ce rendez-vous démocratique et participatif qui permettra, je le souhaite, à nos concitoyens de faire remonter leurs revendications et leurs propositions.
Mais ce n’est pas tout.
Je souhaite vivement que Villes de France se saisisse de ce débat pour présenter au Président de la République et au Gouvernement une contribution relative aux politiques publiques qui concernent directement nos villes moyennes et nos intercommunalités. Un réseau d’élus comme le nôtre doit être aux avants postes. Ainsi, une vaste consultation sera donc lancée dans les prochains jours auprès de nos adhérents. Les sujets ne manquent pas : comment améliorer le plan Action Cœur de Ville ? Comment mieux desservir nos villes ? Comment recréer du lien social ? Comment nous permettre de continuer à offrir un service public proche et efficace ? Où et comment investir pour préparer l’avenir de nos territoires ? Comment garantir un égal accès à la santé dans nos collectivités ? Comment garder nos jeunes à travers un maillage d’enseignement supérieur de proximité ? Tant de questions qui agitent nos réflexions et qui constituent le pain quotidien de nos mandats d’élus locaux.
A l’issue de ce débat, nous remettrons au Gouvernement un livre blanc, qui constituera un outil d’actions en faveur de nos territoires pour l’avenir. En quelque sorte, un pacte républicain des villes moyennes, qui nous l’espérons, Madame la Ministre, pourra vous inspirer dans la conduite de votre action au service des collectivités territoriales.
Mesdames, Messieurs,
Le grand débat doit être un succès. Mais, si le succès démocratique est au rendez-vous, l’exigence de résultat n’en sera que plus grande et plus légitime. Je le dis solennellement, il faudra que le Président de la République et son gouvernement soient eu rendez-vous des attentes et des espoirs. Il faudra être précis et concret pour être rassembleur. Rien n’est pire que des espoirs déçus, des frustrations naissantes et des colères à demi-endormies… Il y a à mon sens une responsabilité historique pour le Président de la République et son gouvernement à la suite de cette grande consultation nationale.
Mais le grand débat ne doit pas nous détourner des autres chantiers structurants qui s’ouvrent ou se poursuivent en cette année 2019 et qui sont aussi au cœur de nos préoccupations territoriales. Permettez-moi brièvement d’en mentionner quelques uns.
Tout d’abord, la loi d’orientation des mobilités. Villes de France est associée depuis le début aux consultations lancées par la Ministre des Transports. Nous continuerons à être force de propositions lors du débat parlementaire. Notre message est clair : il est urgent d’agir sur les transports du quotidien. C’est tout l’enjeu pour notre réseau de collectivités, celui de leur relation à la métropole et des interconnexions entre territoires. Nous devons favoriser les usages des déplacements collectifs, du covoiturage et des autres mobilités qui permettent des déplacements vertueux Il faut ancrer les usages dans la pratique en axant nos réflexions sur le trajet domicile – travail. Un message nous a été envoyé ces derniers mois. Les difficultés à se déplacer en constituent une composante essentielle. Cette loi
mobilités est donc très attendue.
Ensuite, la loi d’orientation et de programmation pour la justice. Maires de pôles de centralités, nous souhaitons le maintien physique des juridictions de proximité, qu’il s’agisse des tribunaux d’instance et de grande instance. Le service public au plus proche du terrain est une revendication forte de nos concitoyens et ils ont raison ! Après les déserts médicaux, ne créons pas de déserts judiciaires. Nous avons demandé qu’une délégation d’élus de Villes de France soit reçue dans les meilleurs délais par la Garde des Sceaux.
Comment par ailleurs ne pas évoquer l’imbroglio autour de la suppression de la taxe d’habitation qui doit être levé au plus vite. Nous n’y comprenons plus rien ! Sera telle supprimée pour 80% de nos concitoyens ? Pour 100% ? L’enjeu pour nous n’est pas neutre ! Il s’agit de savoir par quelles ressources dynamiques allons-nous remplacer 1/3 de nos ressources fiscales. Nous avons rencontré le Premier Ministre à la fin du mois de décembre pour lui relayer les inquiétudes de notre association et lui rappeler notre volonté d’être compensés à l’euro près. Aujourd’hui, rien n’est acquis et nous resterons vigilants sur ce sujet majeur pour nos collectivités. Nous avons récemment entendu de nombreuses déclarations d’amour à destination des Maires, c’est bien, passons maintenant aux preuves...
Je termine pas le programme Action Cœur de Ville. Je le disais, après une année 2018 consacrée à la définition et à la signature des conventions d’engagement, 2019 sera celle de la mise en œuvre opérationnelle du plan dans les 222 villes bénéficiaires. Nous sommes prêts ! Les projets ne demandent qu’à sortir de terre. Villes de France sera aux côtés de ses Maires pour faire preuve de pédagogie, en lien avec Monsieur le Préfet Rollon Mouchel-Blaisot, Directeur du programme, que je tiens à saluer.
Des groupes de travail comme celui que nous avons tenu cet après-midi auront lieu tout au long d’année avec pour objectif d’y voir plus clair, de mutualiser les bonnes pratiques, et, fidèles à notre rôle, de faire des propositions d’amélioration du dispositif. Concrètement, nous demandons à garder la souplesse du dispositif, de ne pas subir de ralentissements dans la phase de réalisation des travaux. Evitons par exemple la multiplication d’avenants à la convention dès que les projets changent ou évoluent quant à leur nature. En complément du programme, nous allons poursuivre notre analyse sur la fiscalité en centre ville. Par ailleurs, nous nous réjouissons de l’adoption du dispositif « Denormandie ancien », pour lequel notre association s’est fortement mobilisée qui permet d’encourager les travaux de rénovation dans les centres-villes qui comportent de nombreux logements vacants et en mauvais état, tout en luttant contre l’habitat insalubre.
Un autre sujet mérite une attention toute particulière, c’est celui de la transmission des commerces dans nos cœurs de villes. Une réflexion doit être conduite pour rendre plus attractive la reprise et la transmission lorsqu’un commerçant part à la retraite, notamment par les jeunes générations. Bref, vous le voyez, Action Cœur de Ville n’est pas une fin, c’est un formidable moyen d’envisager le renouveau des villes centres. Je vous précise d’ailleurs que je vais solliciter officiellement auprès du Ministère de l’économie une demande d’intégration de notre association au sein de la Commission Nationale d’Aménagement Commercial. Eu égard au rôle de la CNAC et à nos missions, notre présence en son sein me semble des plus légitimes !
Mesdames, Messieurs,
Vous le voyez, la feuille de route est ambitieuse. Elle est à l’image de notre association qui ne cesse d’élargir son audience et de s’affirmer dans le débat politique national. Elle y joue pleinement son rôle et je veillerai qu’en 2019 elle continue à s’enraciner dans la vie médiatique nationale et locale.
Nous poursuivrons notre travail important d’auditions à l’Assemblée Nationale, au Sénat. Nous continuerons à réunir notre laboratoire d’idées qui fonctionne très bien et qui débouche sur des propositions concrètes. Je tiens d’ailleurs à remercier les présidents de groupes de travail : Jacques Lamblin, pour les finances locales, Frédéric Leturque, pour le logement et la politique de la ville, Denis Thuriot pour l’attractivité des villes moyennes ou bien Luc Bouard pour la politique européenne. J’ai le plaisir pour ma part d’animer le groupe Action Cœur de ville / revitalisation commerciale. C’est cela une association d’élus : des débats, des interrogations, du partage d’informations, des auditions et j’y tiens beaucoup des propositions fortes.
Villes de France, ce n’est pas que sa Présidente, ce sont aussi de nombreux élus que je remercie vivement, qui me représentent, qui nous représentent dans tant de réunions inter ministérielles ou pas, de colloques, des séminaires ou de manifestations. Je suis très attentive à cette représentation collégiale qui permet de faire vivre un véritable esprit d’équipe et constitue une vraie force. Merci à toutes et à tous.
Outre ces rencontres de notre laboratoire, de nombreux rendez-vous nous attendent. Parmi ceux-ci, le 10 avril, nous consacrerons une demi-journée de travail aux questions d’accès à la santé aux côtés de nos amis de l’association des petites villes de France. Les 13 et 14 juin, nous nous retrouverons tous à Albi chez notre collègue Stéphanie Guiraud-Chaumeil pour notre congrès annuel qui aura pour thème « Mieux vivre au quotidien dans les Villes de France ». Nous vous y attendons nombreux et enthousiastes, fidèles à l’esprit de convivialité qui caractérise notre association !
Je ne saurais conclure sans remercier nos partenaires pour leur fidèle soutien qui nous permet d’avancer et d’agir au quotidien pour défendre les intérêts des villes et EPCI, de plus en plus nombreux et j’en suis très heureuse, qui font le choix d’adhérer à Villes de France.
Mesdames, Messieurs,
Il n’aura échappé à personne que nous nous retrouvons aujourd’hui pour les vœux de Villes de France.
A Jean-François Debat, Président délégué, aux membres du bureau, du Conseil d’administration, à tous les élus de Villes de France, au Directeur Général et à toute l’équipe, je présente mes meilleurs vœux pour cette année 2019. Une année faite de santé, de bonheur et de réussite individuelle et collective. Je nous souhaite collectivement le meilleur.
Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, je vous associe à ces vœux, tout comme les élus des autres associations présents et nos partenaires, et je vous souhaite au nom de Villes de France, une très belle année 2019 !
Aux Villes de France et à nos concitoyens, je souhaite une année de dialogue et d’apaisement, une année d’action
pour nos territoires, une année d’espérance.
Et je voulais conclure mes propos en citant René Frison Roche, grand alpiniste français : « Dans l’action on ne ment jamais, même à soi-même ! »
Je vous remercie.