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Ondes Urbaines

Interview de la semaine

Trois questions à Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis



La transition écologique fait l’objet de nombreux projets dans les villes de taille moyenne et leurs intercommunalités, qui entendent en faire un axe de la relance territoriale. Alors que le plan de relance crédite 30 milliards d’euros pour la transition écologique dont de nombreux crédits pour les collectivités locales, les contrats de relance et de transition écologique (CRTE) visent à structurer les projets de territoires. Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux de la transition écologique pour les villes moyennes et leurs intercommunalités avec une interview de Madame Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis.

 



Quels sont selon vous les enjeux majeurs de la transition énergétique dans les villes moyennes et leurs intercommunalités ? En quoi le partenariat entre Villes de France et Enedis permet-t-il d’y répondre ?
La lutte contre le changement climatique est une préoccupation croissante des habitants et des acteurs des villes moyennes, et assurément une priorité pour leurs élus. La transition écologique passe inévitablement par l’électrification des usages en substitution aux énergies fossiles. A l’horizon 2050, les scenarios prévoient ainsi un doublement de la part d’électricité dans la consommation finale d’énergie en France, de 25 % aujourd’hui, à 50%, voire 55%.
C’est un immense défi technologique et sociétal que nous devons relever ensemble. Enedis entend y prendre toute sa part en développant et en modernisant un réseau plus innovant, plus digital, plus résilient aux divers aléas climatiques et technologiques. Ce réseau devra ainsi accueillir 3 ou 4 fois plus de nouvelles installations de production, disparates en taille et en répartition géographique. Nous devons garantir cet accueil des ENR sur le réseau tout en assurant la sureté, la sécurité de la desserte en électricité, ainsi que la solidarité entre les régions, valeur fondatrice du système électrique en France.
A cet égard, le partenariat qui nous lie conjugue nos savoir-faire et notre proximité des territoires, au service de vos adhérents. Il s’adosse à des programmes et des réalisations concrètes. Je pense en particulier aux actions conduites dans le cadre d’« Action cœur de ville ».

Quelle est votre vision du déploiement de la mobilité électrique en France ? En quoi les collectivités constituent-t-elles des acteurs clés ?
Le basculement dans l’ère de la mobilité électrique est une réalité. Les constructeurs automobiles accélèrent la transformation de leurs catalogues, les zones à faible émission (ZFE) se multiplient, avec le souci des élus de ne pas créer ou aggraver une fracture entre centres urbains et périphéries.
Pour permettre ce développement, des infrastructures de recharge sont indispensables. Bien sûr dans les résidences et copropriétés, 80 % des recharges s’effectuent à domicile, mais aussi sur les voiries publiques, sur les autoroutes.
Tous les types de transport sont concernés, individuels et collectifs comme les bus ou les tramways, mais aussi le secteur maritime, en particulier pour les navires à quai.
Le défi est important. Pour le relever, Enedis doit anticiper les besoins pour équiper en infrastructures de recharge en électricité les sites identifiés.
Grace à la loi Climat et résilience de 2021, l’installation des bornes de recharge dans les immeubles résidentiels sera facilitée par un préfinancement par Enedis de l’infrastructure collective via le Tarif d’utilisation du réseau (Turpe).
Avec les collectivités locales, Enedis participe également à l’élaboration et au suivi des schémas directeurs des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (SDIRVE) pour mieux anticiper et adapter les zones de recharge tant du point de vue du consommateur que du réseau.

Quel accompagnement d’Enedis pour les stratégies énergétiques des collectivités, notamment dans le cadre d’Action Cœur de Ville et des CRTE ?
Les villes ont besoin de données pour dresser un diagnostic de leur situation énergétique et la suivre au fil de la mise en œuvre des projets. Ces données doivent être fines, fiables, adaptées et protégées, pour une mesure précise de l’existant. Les services de bilan énergétiques proposés par Enedis éclairent cette planification énergétique et son suivi dans la durée. Concrètement, Enedis propose des données agrégées et des bilans énergétiques annuels de consommation et de production à diverses mailles (commune, EPCI ...) Ces données, qui intègrent l’éclairage public, permettent un état des lieux précis sur lequel peut notamment s’adosser l’élaboration du CRTE.
Depuis mi 2020, les actions, nombreuses, privilégient la rénovation énergétique de l’habitat. Pour aider les collectivités à la priorisation des bâtiments à rénover, Enedis contribue au diagnostic des quartiers « énergivores ». Le panorama de la thermo sensibilité publié avec l’ANCT est l’un de ces outils proposés aux collectivités.
Je souhaite également souligner notre contribution aux travaux de l’observatoire de l’habitat piloté par vos soins, qui analyse le comportement énergétique de plus de 600 villes moyennes et de leurs métropoles.
Enfin, le service data « Prioréno », proposé avec la Banque des territoires, facilite la décision des élus quant à la rénovation des bâtiments publics.

n°338

24 Mars 2022




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