La présence de pesticides dans les cours d’eau fait l’objet d’une surveillance régulière. Le Commissariat général au développement durable a publié récemment une note instructive sur la période 2008-2013 (réalisée par Aurélie Dubois du Service de l'observation et des statistiques, en collaboration avec Marlène Kraszewski, à partir des données des divers services de l’Etat et des agences de l’eau). Les résultats, basés sur un nouvel indice, montrent une légère baisse de la teneur en pesticides dans les cours d’eau. L’intérêt de cette note du ministère permet de faire le lien entre les changements de législation et l’impact des interdictions successives sur la qualité des eaux selon les produits concernés.
Grande diversité des pesticides à surveiller
L’offre en produits phytopharmaceutiques est composée d’environ 500 substances actives, molécules organiques de synthèse pour la plupart. Cette offre évolue au gré de l’innovation et de la réglementation (nouvelles homologations et retraits). Ces substances peuvent agir à de très faibles doses. Comme les pesticides sont susceptibles de migrer vers d’autres milieux lors de leur application, ils font l’objet d’une surveillance régulière dans les cours d’eau. Cette surveillance permet de dresser chaque année un bilan de la présence des pesticides dans les cours d’eau. Avant de compléter ces bilans réguliers, un nouvel indice a été développé : il traduit l’évolution, d’une année sur l’autre, de la concentration cumulée en pesticides dans les cours d’eau, en fonction de leur écotoxicité propre (méthodologie). Il prend ainsi en compte leurs impacts respectifs, les effets de substitution entre eux, tout en intégrant les évolutions analytiques. Les pesticides entrant dans le calcul de l’indice peuvent également être répertoriés en fonction de leur statut : ceux autorisés sur toute la période, ceux interdits avant ou en cours de période. Plus de 300 pesticides sont pris en compte en fonction de leur écotoxicité. Ce sont en majorité des herbicides, mais aussi des insecticides et des fongicides.
La baisse constatée selon les interdictions
L’indice reflète une baisse d’environ 10 % de la teneur en pesticides, entre 2008 et 2013 en France métropolitaine. Des retraits d’usage effectifs d’herbicides pendant la période étudiée, expliquent en partie cette tendance. Si la décroissance se confirme pour les pesticides interdits de longue date, elle est cependant plus nuancée pour ceux qui sont autorisés. Les pesticides entrant dans le calcul de l’indice peuvent également être répertoriés en fonction de leur statut : ceux autorisés sur toute la période, ceux interdits avant ou en cours de période. La tendance de ces derniers est très nettement à la baisse : leurs teneurs diminuent de plus de 20 %. Les évolutions dépendent également des conditions climatiques qui ont une influence sur le développement des champignons, des mauvaises herbes et le transfert des pesticides vers les cours d’eau. Les années sèches correspondent ainsi généralement à une diminution de la teneur en pesticides dans les cours d’eau. D’autres phénomènes entrent en jeu, comme l’évolution des pratiques d’épandage.
Manque d’homogénéité sur le territoire
Les évolutions, par ailleurs influencées par les conditions climatiques, diffèrent selon les bassins. Les secteurs situés au nord et à l’est, correspondant aux bassins Artois-Picardie, Rhin-Meuse, Seine-Normandie et Rhône-Méditerranée-Corse affichent globalement une tendance à la baisse. En revanche, la tendance est plutôt à la hausse sur le bassin Adour-Garonne. L’évolution est moins nette dans le nord-ouest, dans le bassin Loire-Bretagne, mais la surveillance y a aussi beaucoup évolué.
Accéder à l'étude du CGDD.